(Réécriture) Reality - Tome 3 - Abby et son Prince Charmant...

05 - Never Never

Max, totalement largué, s'inquiétait pour moi. Apparemment j'étais blanche comme un linge, comme si j'avais vu un fantôme.

Et, pour le coup, c'était presque ça !

Pour une fois, ma malchance me sauva la vie. Je prétextai avoir subitement eu mal à la cheville en la bougeant un peu trop vite et qu'avec l'alcool, la nausée m'était montée. Je le rassurai en lui disant que j'avais juste besoin d'un bon bol d'air frais. Je tentai de reprendre mes esprits, toujours dans les bras de Max au cas où mes jambes finiraient par me lâcher, en avalant de grandes goulées d'air. Mon cœur cognait à une telle allure qu'il me faisait l'impression de vouloir battre un record de vitesse. J'étais totalement abasourdie, comme assommée et un peu perdue. Le passé venait de prendre l'allure d'un TGV et m'avait heurtée sans prévenir, me laissant sur le carreau.

Dans un état second et malgré mes mains tremblantes, je pensai tout de même à envoyer un message à Nell pour la prévenir que je rentrais en voiture avec Max. Je ne voulais pas qu'elle s'inquiète en m'imaginant seule dans le métro à cette heure-ci. Elle ne tarda pas d'ailleurs à me répondre que ça la rassurait. Elle me prévint également que son frère était à l'appart', mais qu'il serait peut-être déjà parti d'ici mon arrivé, à moins que j'accepte qu'il ne dorme encore une fois chez nous. Avais-je vraiment le droit de refuser ? S'il avait un accident, je ne m'en voudrais toute ma vie. Je donnai donc mon accord à mon amie en priant pour que cette fois il n'ait pas une autre révélation qui le pousserait de nouveau à prendre ses distances avec moi. J'espérais réellement que notre conversation à cœur ouvert de l'autre jour avait porté ses fruits, et que nous allions enfin retrouver une relation normale.

Pendant mes échanges de sms avec Nell, Max avait réussi à me ramener jusqu'à sa voiture. Je m'installai en silence côté passager, la tête sur le point d'exploser. Même cet interlude par message n'avait pas réussi à chasser la préoccupation principale qui occupait désormais mon cerveau. Si le retour de Noah dans ma vie avait été aussi bien inattendu que brutal, là, c'était carrément violent. Je ruminai pendant tout le trajet, restant silencieuse, les yeux perdus dans le paysage de la nuit agitée new-yorkaise. Max, d'instinct, n'osa pas me déranger, comme s'il comprenait mon besoin de solitude. Une multitude de questions volaient dans tous les sens dans ma tête.

Pourquoi lui, ici et maintenant ? Combien de club y a-t-il dans cette ville et combien d'artistes se produisent sur leurs scènes ? Soit je manque désespérément de chance, soit tout ceci est un coup monté. Ce n'est pas possible autrement.

Bientôt, une pensée plus précise me tarauda. C'était Nina qui m'avait parlé de ce club, le soir de mon anniversaire...

Savait-elle qu'il s'y produisait ? Est-ce pour ça qu'elle avait tant insisté pour que je vienne ici ? Elle qui m'avait dit ne plus avoir de nouvelles de lui depuis qu'il avait mis fin à sa carrière, comment pouvait-elle savoir ? Elle n'aurait quand même pas osé me mentir...

Max, qui avait sans doute mis mon silence sur le coup de la fatigue et de la douleur, ne tenta pas de lancer une conversation, me laissant portée par la musique qui résonnait dans l'habitacle. Sans me connaître parfaitement, il savait comment réagir avec moi. C'était plus qu'appréciable. Il insista tout de même pour me raccompagner jusqu'à mon canapé. Il voulait être certain que j'arrive saine et sauve et sans encombres. Je le remerciai mille fois pour sa gentillesse et acceptai sa proposition, désolée de ne pas avoir été d'une compagnie très agréable ces dernières minutes.

Il fit rapidement le tour de la voiture pour m'ouvrir la portière et me présenta son bras pour m'aider à sortir. Son attitude touchante balaya un instant le malaise qui m'avait envahie. J'accueillis son geste de gentleman avec un large sourire et pris appui pour m'extirper de l'habitacle. Max referma la portière derrière moi avec attention et se tourna en direction de l'entrée de mon immeuble pour se mettre en route.