(Réécriture) Reality - Tome 3 - Abby et son Prince Charmant...

01 - It's A Beautiful Day - Part 3 - Noah

C'est vrai qu'elle était belle.

Plus que jamais et surtout après 5 ans d'absence.

Déjà tout à l'heure, j'avais failli m'étouffer de surprise avec mon café, lorsqu'elle était apparue aux côtés de Max, tel un fantôme du passé venant me hanter. Mais là, de la voir entrer dans la pièce avec ses magnifiques cheveux châtains lui tombant autour du cou et sa silhouette si bien dessinée dans ses fringues derniers cris, me projetaient bien des années en arrière. Son sourire à faire damner un saint m'avait toujours transporté vers d'autres cieux. Mais aujourd'hui, de voir que ce sourire ne m'était pas destiné me faisait me sentir comme une merde. J'avais perdu la seule chose extraordinaire que j'avais dans ma vie, ma seule exception, et de la voir ici aurait pu rouvrir des blessures que j'avais pourtant refermées avec soin.

Je l'observais à la sauvette tandis qu'elle discutait avec Max. Son regard m'avait tant manqué. Mais lorsqu'elle le posait sur moi, il était aussi froid qu'un iceberg, alors que celui qu'elle réservait pour Max était chaleureux, c'était celui qu'elle n'accordait qu'aux personnes en qui elle pouvait avoir potentiellement confiance. Avant, ce regard n'avait été que pour moi. Du moins jusqu'à ce que son connard d'ex n'arrive dans sa vie et ruine tout ce qu'on avait construit depuis l'enfance. J'y étais aussi pour quelque chose cependant. La situation actuelle ainsi que son attitude froide envers moi me le jetait en plein visage.

D'un côté, je pouvais presque la remercier, car elle me rappelait encore aujourd'hui à quel point elle ne me voulait plus dans sa vie. Sa distance envers moi, pour ceux qui ne la connaissaient pas aurait pu passé pour de la timidité dut à son premier jour parmi nous. Mais moi, je savais à quel point elle me détestait. J'avais foutu la merde dans sa vie, et elle ne m'avait pas encore pardonné. Sauf qu'après tout, j'étais venu avec la simple intention de soutenir une amie qui était effondrée. C'était elle qui m'avait embrassé, c'était elle qui avait déclenché le processus. Mes sentiments envers elle n'avaient joué en rien dans ce qui s'était passé. Et puis elle avait été totalement consentante. Sur le coup, j'aurais même pu jurer qu'elle m'aimait et voulait me l'avouer de cette manière.

Quel abruti j'ai été ! C'est là que mes sentiments pour elle m'ont aveuglé. J'ai vu ce que je voulais voir...

La vérité, c'est que je n'avais été qu'un pion dans la partie d'échec qu'était sa relation avec sa starlette.

Je chassai toutes ces mauvaises pensées et essayai de me concentrer sur la conversation que Max peinait à tenir. Abby non plus n'était pas d'humeur à tailler la bavette et seul Max l'ignorait. Résultat, son maintien était inconsciemment plus guindé et son attitude plus réservée. Il allait falloir qu'elle se détende quand même un peu, sinon elle finirait par avoir une réputation de fille froide limite hautaine. Et si elle décidait de n'accorder ce traitement qu'envers moi, les gens finiraient par se poser des questions, et nous n'avions pas besoin de ça.

Lorsque Max m'avait taquiné à son sujet, quelques minutes auparavant, je n'avais rien trouvé de mieux que de l'envoyer chier. Qu'il puisse évoquer une possible relation avec elle m'avait fait bien plus de mal que je ne l'aurais imaginé, surtout après tant d'années. Je ne pouvais pas être en colère contre mon pote, car il n'avait rien fait d'autre qu'agir en mec qui veut voir son pote enfin heureux avec une femme. S'il connaissait mon histoire avec mon ancienne voisine, il ignorait totalement qui elle était et qu'elle était devenue sa nouvelle collègue. Aussi, jouer l'indifférence serait notre meilleure arme pour préserver notre secret.

A la fin du repas, Max lui proposa de l'accompagner fumer une cigarette. Elle déclina poliment son invitation, lui indiquant qu'elle préférait commencer à retourner dans leur bureau pour prendre ses marques. Max eut peur qu'elle ne retrouve pas le chemin jusqu'à leur bureau. Je sautai donc sur cette occasion pour enfin lui parler seul à seule sous couvert de la raccompagner. Au regard qu'elle posa enfin sur moi, je sus qu'elle avait compris mon petit manège. Si je connaissais la moindre de ses réactions, il ne fallait pas que j'oublie qu'elle aussi. Nous avions grandi ensemble après tout.