(Réécriture) Reality - Tome 3 - Abby et son Prince Charmant...

21 - Dead Memories

En fin d'après midi, une fois le café terminé, il était temps de se quitter. Ma mère et Christian devaient partir pour Seattle. Ainsi après de grandes embrassades, Milly et James rentrèrent chez eux. Suivis de près par Sam et Drew. Ils déposèrent Maggie chez elle comme c'était sur leur route. Nell et Noah devaient voir leur tante le soir même. Et comme nous n'avions qu'une seule voiture, ils me demandèrent si ça me dérangeait de rester ici cette nuit pour qu'on repartent tout les trois ensemble le lendemain.

Je me retrouvais donc toute seule dans la maison de mon enfance. J'avais des centaines de souvenirs ici, les plus vieux datant de ma plus tendre enfance. Cette maison n'avait aucun secret pour moi. Avec les années j'avais appris à ne craindre aucune ombre et pouvoir me déplacer même les yeux fermés. Mais ce soir là, c'était différent. Pourtant rien n'avait changé. Les meubles étaient toujours les mêmes et à la même place. La couleur des murs rafraîchie mais rien de flagrant. Alors pourquoi me sentais-je comme une étrangère et un peu mal à l'aise ?

Pour chasser ces mauvaises impressions, je montai retrouver mon sanctuaire... ma chambre ! Là encore, rien n'avait changé. Ma mère avait tout conservé comme je l'avais laissé avant mon départ pour la France. Comme au bon vieux temps, je me jetai sur mon lit avec une petite vrille du corps. Mes yeux balayèrent l'ensemble de la pièce. J'attendis ce sentiment de sécurité que ma chambre m'apportait à coup sûr. Mais cette une fois, la magie n'opéra pas. Je me sentais angoissée.

Décidée à ne pas me laisser abattre, je filais sous la douche. Elle avait toujours été ma meilleure amie réconfortante. En fermant les yeux sous l'eau chaude qui coulait sur moi, je revis le visage de Laura. De la peur m'envahit, m'oppressant littéralement de l'intérieur. J'avais comme du mal à respirer. Je savais qu'il s'agissait d'une stupide crise d'angoisse mais je n'arrivais pas à me calmer. Ma cage thoracique se faisait de plus en plus lourde comme pour m'empêcher de respirer. Il devenait urgent que je me reprenne.

Je sortis de ma salle de bain après avoir attrapé une serviette. J'étais totalement effrayée et perdue. Je ne pouvais pas appeler ma mère en la suppliant de rentrer. Je n'avais plus 5 ans. Aller voir Nell ou Noah ? Ils étaient en famille. Sidney ? Ne pouvant pas conduire pour me rejoindre, il serait inquiet sans pouvoir être là. Et puis, lui parler de la source de mon angoisse voulait dire, lui raconter toute la vérité sur moi. Sur le moment, je n'avais encore moins envie que d'habitude.

Mes doigts cherchèrent tout seuls le numéro de Will et appuyèrent sur appel pendant que je tentais de me détendre. Dès son « allô », le poids diminua légèrement me permettant de laisser passer un brin d'air pour parler. Il ne comprit pas ce que je disais et me demanda si j'allais bien et ou j'étais. Après avoir souffler un bon coup, je réussis enfin à lui dire que j'étais chez mes parents, seule et que je faisais une crise d'angoisse en repensant à Laura. Il y eut un petit silence à l'autre bout du fil. Puis Will essaya de me rassurer d'une voix calme en me disant que ça allait passer. Enfin pour le moment, j'étais effondrée à genoux sur le sol en disant que je n'y arrivais pas. Il me demanda alors de me concentrer sur sa voix. Il me pria alors de faire le vide et de n'écouter que sa voix.

Il me parla pendant une demie heure. Il me rappela des bons moments que l'on avait passé ensemble avec les pitreries de Tony et Sam. Puis il me raconta comment il voyait l'avenir de notre label. Il me faisait parlé aussi et rire. Enfin autant que je le pouvais. J'entendis derrière lui une portière se fermer. Puis je reconnus la sonnette de chez moi au travers du téléphone. Sans réfléchir, je courus jusqu'à la porte d'entrée pour lui ouvrir.

Il se tenait sur le pas de ma porte, le visage très inquiet. Il me tira vers lui pour me prendre dans ses bras. Je m'y sentais si bien que j'en avais oublié que j'étais toujours en serviette, enroulant mes bras autour de son cou pour mieux le sentir contre moi. Cette dernière glissa le long de mon dos et Will eut la délicatesse de la retenir, m'évitant de me retrouver nue sur le seuil de chez moi. Il avança pour nous faire rentrer et ferma à clé la porte derrière lui tout en me tenant toujours d'un bras puissant.