10 - La vie n'est pas un long fleuve tranquille - Part 1

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PDV Abby

J'avais tellement hâte d'être demain.

D'être au jour J.

On était dimanche soir et tout était prêt. Le dossier, la démo. Il n'y avait plus qu'à se lancer. Heureusement qu'on avait pu compter sur Sidney, car Amy nous avait fait faux bond plus ou moins au dernier moment. Max avait reçu un message de sa part vendredi nous disant qu'elle ne se sentait pas de tenter cette aventure. Je vous laisse imaginer dans quel état cette annonce m'avait mise. Mais face à la déception manifeste visible sur le visage de Max, j'avais contenu ma colère et mes réflexions peu élogieuses pour ne pas remuer le couteau dans la plaie. Mais comme je l'ai dit, il valait mieux se focaliser sur le positif, et donc Sidney et sa future réussite. C'est pourquoi, en cette veille de deadline, nous étions passés à mon appartement pour boire un verre et fêter ça.

On m'a pourtant souvent répété de ne jamais fêter quelque chose avant la ligne d'arrivée...

Nous étions installés tous les trois dans mon salon, la démo à fond et une bouteille de champagne sur la table basse attendant d'être dégustée tandis qu'une autre, déjà vide, était posée dessous.L'ambiance était survoltée. Nous chantions sur les paroles,dansions à moitié sur nos sièges, bref on frôlait l'état de grâce. Max invita Sidney à ouvrir la deuxième bouteille puisque après tout il avait fait la moitié du boulot. Ce dernier s'empressa de s'exécuter avec un sourire radieux aux lèvres.

Et là tout bascula.

Sans qu'on sache réellement ni comment ni pourquoi, le haut de la bouteille heurta la table et s'éclata en des dizaines de morceaux.Dans la seconde qui suivit, Sidney poussa un cri de douleur en se tenant le poignet droit. Un flot de sang jaillit et inonda aussitôt le tapis. Mon cerveau bloqua la panique qui menaçait de me submerger pour se concentrer sur l'essentiel et me faire garder mon sang froid.C'était comme si j'étais dans un état second, mettant mes émotions de côté pour agir vite et bien. Je m'empressai de me lever et courus jusque dans la salle de bain pour prendre une serviette propre. Au le passage, j'attrapai mon portable pour appeler les urgences.

D'une main ferme, je maintins la serviette sur la plaie pendant que de l'autre je tenais mon téléphone pour donner les indications aux secours. Max, livide, tentait de rassurer Sidney qui avait fermé les yeux pour réguler sa respiration. D'euphorique, l'ambiance était devenue tendue et glauque. Heureusement, les pompiers furent rapides.10 minutes plus tard, nous quittions mon appartement pour nous rendre à l'hôpital. Au moment de l'installer dans l'ambulance, Sidney me demanda si je pouvais monter avec lui. Il ne voulait pas rester seul.J'acquiesçai en lui avouant que c'était de toute façon ce que je comptais faire de toute façon et il me sourit faiblement pour me remercier. Je pris place à ses côté, en me faisant toute petite pour ne pas gêner l'ambulancier s'il devait intervenir en urgence.Sidney me tenait la main et de la peur se lisait dans son regard.J'espérai juste que ce ne soit pas un reflet de la mienne, car je luttais pour ne rien laisser paraître. Il avait le teint pâle et vu tout le sang qu'il venait de perdre, je me demandais comment il faisait pour ne pas tomber dans les vapes.

Nous arrivâmes assez vite aux urgences. Max nous suivait sans doute en voiture, mais le temps qu'il se gare, nous serions déjà admis dans le service. Il devra nous rejoindre à l'intérieur, en espérant qu'il nous trouve facilement. Les ambulanciers furent rapides et efficaces et en moins de deux, nous fûmes déjà en route vers le bloc. Sidney, ne voulant pas lâcher ma main, m'obligeait à courir à côté du brancard. De toute façon, vu mon degré de panique, mes pieds assuraient le rythme tous seuls.

Et puis, il m'est impossible de le laisser tout seul.

Une infirmière m'arrêta alors que le chariot entrait dans une partie interdite au public. Elle tenta de me rassurer en me disant que maintenant tout irait bien. Que Sidney était désormais entre les mains des médecins et que tout allait bien se passer. Elle me demanda si j'étais sa petite-amie, et comme je n'avais pas envie de lui expliquer qui j'étais en réalité et prendre le risque de me voir écartée comme ça se passe toujours dans les fictions, je répondis oui. Sauf que dans les fictions, ils ne montrent pas les conséquences de ce petit mensonge qui n'a l'air de rien comme ça.

(Réécriture) Reality - Tome 3 - Abby et son Prince Charmant...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant