01 - It's A Beautiful Day - Part 2

213 19 1
                                    

Pdv Max

Charles avait beaucoup de choses à nous dire ce matin-là.

La réunion s'éternisait et je commençais à regretter de n'avoir pas pris un autre café avant d'attaquer le briefing.

Et blablabla...

Le boss n'avait pas l'air d'en avoir terminé son discours... malheureusement. Non pas que mon travail ne m'intéressait pas, mais d'entendre pour la énième fois que cette année était une année charnière pour la société, et que si nous ne trouvions pas une solution pour faire décoller les chiffres, nous pouvions commencer à mettre notre CV à jour pour trouver un autre boulot, ça m'enchantait autant que de remonter un caleçon façon string. Comme si nous faisions exprès de plomber les chiffres ! Sans compter qu'il en faisait des caisse, et ne pouvait s'empêcher d'adoucir ses menaces en nous rappelant à quel point « ça lui fendrait évidemment le cœur si nous devions en arriver là ». Cependant, il s'efforçait de nous rappeler, comme à chaque fois, que la réalité était hélas bien là, que l'industrie de la musique s'effondrait. Malgré tout, il avait quelque peu modifier son discours. Désormais, il n'était plus question de taper sur les téléchargements illégaux qui ruinaient les artistes, car ce refrain nous l'avions eu à chaque briefing pendant près de 6 mois. Non, ce message-là était bien ancré dans nos têtes. Tout comme celui qui concernait le thème de « la crise économique » qui nous avait occupé lors des six réunions hebdomadaires précédant celle-ci. Aujourd'hui, nous en étions donc au stade du « nous risquons tous de perdre notre job ». Au cas où l'envie nous serait venue d'en douter depuis le temps qu'on nous rabâchait à quel point les chiffres étaient mauvais.

Évidemment, ce boulot était important pour moi. Je n'étais pas un nanti qui faisait ça pour passer le temps. J'avais un loyer à payer et Dieu sait que New York était très cher question immobilier. Mais que pouvais-je faire ? Jusqu'à présent, je n'avais été qu'un tout petit directeur artistique non confirmé et mon statut de « junior » m'avait obligé à suivre les directives de mon « senior » attitré. Paul n'était pas méchant, mais son degré de stupidité me mettait en rogne. Sans blague, pendant trois ans, il avait rejeté en bloc toutes mes idées. Il n'écoutait absolument pas mes propositions et encore moins les artistes que je me tuais à dénicher de partout. Son incompétence était allée jusqu'à louper une opportunité de fou. Charles avait bien failli lui faire bouffer sa cravate en apprenant qu'il avait refusé d'écouter le type qui était devenu le grand gagnant de X Factor trois mois plus tard. Mais Charles était resté malgré tout professionnel et s'était contenté de le mettre à la retraite dans le plus grand calme. Voilà pourquoi aujourd'hui, j'étais promu senior.

Je n'avais pas non plus oublié l'annonce qu'il avait faite, il y a trois semaines, et dont l'échéance était aujourd'hui. J'allais enfin rencontrer mon nouveau binôme. Charles avait dit « elle » lors de sa déclaration, j'en avais donc déduit avec logique qu'il s'agissait d'une fille, mais il ne nous avait pas donné son nom ni son prénom. Impossible donc d'aller sur internet pour chercher des informations sur elle.

Oui, je sais, ça peut paraître moche de faire ça, mais j'aime bien voir sur le net à quoi ressemble une personne, ce qu'elle aime. Surtout lorsque je m'apprête à partager le même bureau qu'elle environ 10 heures par jour...

J'avais donc passé pas mal de temps à imaginer comment elle serait. Une fille négligée qui pue dès le petit matin, avec aucune conversation ? Ou pire encore... une fille belle, qui le sait, et qui a toujours usé de ses charmes pour obtenir ce qu'elle voulait avec les hommes ? Je détestais ce type de personnes tactiles et riant volontiers aux blagues mêmes les plus pourries, mais qui conservent toujours une lueur méprisante au fond de leur regard lorsqu'elles parlent des absents... bon, j'avoue, j'avais surtout imaginé le pire, histoire de me préparer un peu et de ne pas être déçu. Après, qu'elle soit blonde, brune, rousse, jolie ou moche, je m'en moquais éperdument. L'important, c'était qu'elle soit une véritable artiste qui en avait dans la tête. J'espérais ne pas trop en demander.

(Réécriture) Reality - Tome 3 - Abby et son Prince Charmant...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant