Chap 33 - Laura, une amie qui me voulait du bien...

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Pdv Sidney


Tandis que je posai l'ordinateur sur son lit, je  glissai un regard vers elle. Ses yeux fixaient le vide. Sa respiration était rapide et profonde. Comme si elle la contrôlait sciemment pour ne pas l'oublier. Elle était dans sa bulle. Comme déconnectée pour n'éprouver aucun sentiment. J'aurais pu lui parler, la faire réagir. Mais je n'y arrivai pas. J'étais moi-même tellement déboussolé par ce que j'avais lu. Tout allait vite dans ma tête et pourtant ce n'était pas moi qui était concerné par cette histoire de dingue. Alors j'imaginai sans mal, ce qui devait se passer dans sa tête.

Sans un regard, ni même un mot pour moi, elle se leva et quitta la pièce, tel un robot. Inquiet de son état, je la suivis jusqu'à l'entrée. Au moment de franchir la porte, je voulus savoir où elle allait. Sans se retourner, elle leva sa main vers moi pour marquer un stop. Elle voulait être seule. Ça, je pouvais le concevoir sans mal. Mais j'aurais aimé savoir où elle se rendait, histoire de ne pas accroitre mon inquiétude dès bien présente. Je la suivis du regard, tandis qu'elle traversait le couloir pour emprunter les escaliers. Un petit sentiment de soulagement adoucit ma peur. Elle ne comptait pas quitter l'immeuble et encore moins conduire. Dans son état, ce sera bien trop dangereux. Elle n'avait donc pas totalement perdu la raison.

***

Pdv Abby

Mon instinct de survie me commandait de chercher de l'air frais. Mes pieds me menèrent ainsi sur le Rooftop de l'immeuble. En ouvrant la porte, un vent froid s'engouffra et me frappa de plein fouet. Le contraste, entre la chaleur dans la cage d'escalier et la température extérieur devant s'approcher de zéro, me ramena à la réalité avec brutalité. Mes yeux s'embuèrent de larmes. Mon rythme cardiaque accéléra dangereusement. Mes jambes flanchèrent m'obligeant à glisser le long de la porte pour m'asseoir sur le sol glacé. Mais la douleur qui se déversait en moi était bien plus insupportable que les frissons qui secouaient mon corps gelé.

Je restais là, un moment, à vider mon stock lacrymal tout en gémissant de douleur mêlée à de la rage. Lorsqu'une sensation de chaleur sur mon épaule me fit ouvrir les yeux. Je vis alors une main gantée posée sur moi. La pression que mon sang exerçait sur mes oreilles m'avait quasiment rendu sourde. Une voix lointaine se fraya sous la résonance des tambourinements de mon cœur. Mon regard remonta le long du bras pour découvrir qui en était le propriétaire. Un sentiment de soulagement m'envahit en voyant Paul penché au dessus de moi. Il arborait un visage inquiet. Ses lèvres bougeaient rapidement faisant sortir sa voix presque inaudible pour moi. Au loin, je vis Jay arriver précipitamment vers nous, l'air lui aussi paniqué. " Mon dieu, ma chérie, mais que t'arrive-t-il ? S'écria-t-il en arrivant à notre hauteur. Tes lèvres sont toutes bleues et tu es en tee-shirt par ces températures." Paul s'accroupit et passa une main sous mes jambes. Il me souleva avec délicatesse, tandis que Jay me couvrit d'une couverture chaude. Mon ravage intérieur me paralysait encore le corps mais la chaleur du sien m'apporta une pointe de sérénité. Jay me frictionnais les mains et les jambes de manière presque frénétique, obligeant ainsi mon sang a coulé normalement dans mes veines transies par le froid. Nous entrâmes dans la sorte de véranda située sur une extrémité du toit. La chaleur de la pièce fermée me piqua légèrement le visage. Paul s'assit sur l'un des canapés, m'obligeant à rester sur ses genoux. Il me serra fort contre lui tout en frottant ses mains sur mes bras pour m'aider à me réchauffer. Puis il attrapa mon téléphone qui n'arrêtait pas de vibrer depuis quelques minutes. Il répondit à l'appel sans me demander mon avis. Il informa la personne qu'il était mon voisin et qu'il venait de me trouver sur le toit, transie par le froid et totalement effondrée. J'avais envie de prendre en main cet appel mais Jay continuait de me poser des questions en rafale. Mes larmes avaient pratiquement finies de couler. Mais mes lèvres tremblotantes ainsi que ma gorge serrée m'empêchaient de lui répondre. Il fixa un instant mes yeux bouffis et se tourna vers la table. Il prit un thermos et versa de son contenu foncé dans une tasse. Puis, il se retourna et la porta à ma bouche. Mes mains étaient toujours bloquées sous la couverture, j'ouvris péniblement la bouche entre deux tremblements et bus une grande gorgée. Celle-ci eut du mal à se frayer un chemin dans ma gorge nouée mais la chaleur du café mêlée au goût de whisky m'aidèrent à me détendre. Mon corps se calma légèrement. Suffisamment pour me laisser prendre la tasse qu'il me tendait sans en renverser le contenu. Paul finit l'appel et remit mon téléphone dans ma poche.

(Réécriture) Reality - Tome 3 - Abby et son Prince Charmant...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant