Chapitre 34

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C'était peut-être une erreur de lui écrire... Peut-être qu'elle ne veut tout simplement plus me parler, plus me voir. Mais il fallait que j'essaye. Je garde toujours espoir. Je ne pouvais pas me résoudre à la laisser s'éloigner de moi sans rien faire. Alors voilà, j'ai fait le premier pas. A elle de choisir... A elle de voir si elle se sent mieux sans moi.

Je me dirige vers la salle de bain et me passe de l'eau sur le visage. Je tend le bras pour allumer la lumière. Un leger mouvement de recul me surprend quand je découvre mon reflet dans la glace. Mon image me fait peur. Je ne me reconnais plus. Je suis pâle, tremblant, les yeux gonflés, je n'ai jamais été dans un état pareil. Je suis au bord du gouffre, complètement perdu sans elle.

Mon téléphone sonne tout d'un coup. Est-ce que c'est elle ? Mon pouls s'accélère et je me rue sur l'appareil. Son nom apparaît. Je m'apprête à ouvrir le message, mais j'ai un moment d'hésitation. Et si elle ne voulait plus de moi ? Qu'est-ce que je ferais si c'est le cas ? Je n'y survivrait pas, c'est évident. Je suis pris d'un pincement au cœur mais je refoule tant bien que mal cette sensation. Je garde un espoir, aussi petit qu'il soit, qu'elle me donne une seconde chance.

D'une main tremblante, je déverrouille mon téléphone. Je reste fébrile en appuyant sur mon écran pour ouvrir le message.

Ellie ❤️ : La clairière, dans 20 minutes.

Je garde les yeux fixés sur les quelques mots pendant plusieurs minutes. Je n'arrive pas vraiment à y croire. Une boule se forme au creux de mon ventre. Je ne pensais vraiment pas qu'elle me proposerai qu'on se voit, encore moins au milieu de la nuit. Je laisse tomber mes bras le long de mon corps et me tourne de nouveau vers mon reflet. Je ne peux pas y aller avec cette tête...

***

Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Il fallait que je le voit, mais en même temps je redoute ce moment. Et s'il ne venait pas ? Non... c'est lui qui m'a écrit en premier - je ne l'en remercierai d'ailleurs jamais assez -, ça doit vouloir dire qu'il veut aussi que l'on se voit. Du moins je l'espère.

Je sors de mon dressing d'un pas lent, las. Je me dirige vers mon armoire, histoire de ne pas sortir en pyjama, et croise mon regard dans le miroir. Mes cheveux sont hirsutes, mes yeux rouges, un vrai zombie. En 20 minutes, je n'aurai pas le temps de démêler tout ça et de me rendre présentable. C'est l'un ou l'autre. Tant pis, je mettrais un bonnet. De toute façon, les nuits sont fraîches ces temps-ci.

Dix minutes plus tard, je me suis à peu près rendue humaine. J'enfourche mon vélo, préférant ne pas prendre mon scooter, au risque de réveiller mes parents. Mon coeur bat de plus en plus vite. J'ai vraiment peur de ce qu'il va se passer... Malgré moi, je roule plutôt vite. Pourtant j'aimerai arrêter le temps pour me calmer, mais mes jambes n'y prêtent pas attention et j'arrive à la clairière cinq minutes plus tard.

Je descend de mon vélo et le pose par terre à côté d'un banc, sur lequel je m'assois. J'ai une vue dégagée sur le lac de la clairière. La lune se reflète dans l'eau et éclaire mon visage. Le vent frais vient soulever doucement mes cheveux et je ferme les yeux pour profiter de ce moment d'apaisement.

***

J'arrive une vingtaine de minutes après son sms. Comme je le pensais, la clairière est déserte. J'aime beaucoup ce parc. J'y allais souvent étant petit. Les mains dans les poches, je traverse l'étendue d'herbe en regardant le ciel. J'arrive vite près du lac, et là, je la vois. De dos, elle est assise sur un banc au bord de l'eau, le visage tourné vers la lune. Mon coeur accélère encore. Ça y est. C'est le moment. Je m'approche d'elle et m'arrête à un mètre environ.

- Salut.

Un amour improbableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant