3. Vous aimez les chats ?

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Le soir venu, je rejoignis mes camarades au grand réfectoire. Toutes me lancèrent des regards intrigués, mais je m'assis à côté d'Eglantine en les ignorant. La rousse garda les yeux modestement baissés sur son assiette tandis que Mère Louise récitait le bénédicité. Puis, lorsque nous purent enfin manger, elle me chuchota :

« - Ou étais-tu ? Je t'ai attendue cachée pendant longtemps...

- Je te raconterai tout cette nuit.

- D'accord. »

Son ton, tout d'abord voilé de reproches, était devenu plus joyeux. Elle adorait les secrets. La joie que j'avais pu ressentir s'était évaporée, pour laisser place à de la culpabilité. Eglantine était ma seule amie ici, et je ne voulais surtout pas la perdre. Mon inquiétude et mes remords devaient se lire dans mon regard, car elle m'adressa un sourire rassurant :

« - Titania ? Je ne t'en veux pas. Tu n'avais sûrement pas le choix. »

Soulagée, j'acquiesçai en lui promettant :

« - Je te parie que tu t'attends à tout, sauf à ça !

- Titania, Eglantine ! Silence ! »

J'affichai une mine de circonstance qui fit pouffer de rire mon amie. Elle prétexta avoir fait tomber sa serviette pour pouvoir rire, cachée sous la table. Heureusement pour elle, le repas touchait à sa fin. Mère Louise frappa dans ses mains :

« - Bien, regagnez vos dortoirs, maintenant. Titania, j'ai à vous parler. »

Eglantine eut un long regard pour moi, me suppliant de tout lui raconter. J'acquiesçai discrètement, alors elle partit en mordant son sourire satisfait. Je me levai pour faire face à la supérieure, qui me regarda attentivement :

« - Il ne faut pas que ces attentions vous empoisonnent l'esprit ma fille.

- Je le sais. Je saurai être humble.

- Ne devenez pas vaniteuse, sous prétexte qu'un homme a besoin de vous.

- Non, ma mère. »

Je m'inclinai devant elle, avant de sortir du réfectoire.

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« - Quoi ?!

- Chut Eglantine ! »

Elle étouffa son cri de surprise dans son oreiller, tandis que je tendais l'oreille pour voir si elle n'avait pas réveillé une de nos camarades. Heureusement, aucune d'elles ne semblait réveillée. Je me trouvai dans son lit, au milieu du dortoir. Nous avions coutume de venir dans le lit de l'autre en pleine nuit pour parler de tout et de rien, et pour nous raconter ce que nous n'avions pas pu nous dire pendant la journée. Mon amie me chuchota :

« - C'est vrai ? Un jeune homme ? Est-il charmant ?

- Je ne sais pas, je... Je n'ai pas fait attention. »

Sans que je ne puisse m'expliquer pourquoi, je venais de mentir à la rousse. Je savais parfaitement que Côme était charmant ! Mais je n'eus pas le temps de m'attarder dessus, car elle m'agrippa le bras dans la pénombre :

« - Et qu'avez-vous fait ?

- Il m'a regardée dessiner.

- Vraiment ? »

The sound of silence (Tome 1) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant