20. Peu importe votre décision...

5.7K 605 88
                                    

« - Non ! »

Eglantine plaqua ses mains sur sa bouche tandis que toutes les pensionnaires se retournaient vers nous. Mère Louise soupira :

« - Qu'y a-t-il, Eglantine ? Vous n'êtes pas en accord avec Saint Matthieu ?

- Si, ma mère. Pardonnez-moi. »

La supérieure reprit sa lecture, comme tous les soirs après le souper, et la rousse me fixa, les yeux exorbités par la surprise :

« - Vraiment ?! Il t'a demandée en mariage ?! J'espère que tu as accepté !

- Bien sûr que oui ! »

Je lui racontai à voix basse la façon dont Côme m'avait demandé de l'épouser, mes réactions premières, et puis... La façon dont j'avais accepté. Mon amie me fixait, excitée et avide de détails. Elle me souffla finalement :

« - Comme je t'envie... Mais au moins, tu ne devras pas épouser ce Charles dont tu m'as parlé ! »

J'étouffai un rire de la main, ce qui nous valut un regard d'avertissement de Mère Louise. Eglantine soupira :

« - Comme j'aimerais être dans ton cas... Même si pour l'instant, cet homme... Henri je crois, n'est pas revenu. Peut-être qu'il ne reviendra jamais, que je l'ai dégoûté des femmes ? »

J'essayai de dissimuler mon éclat de rire dans une quinte de toux, mais n'y parvins qu'à moitié, car Ada se retourna vers nous en fronçant les sourcils. Je pris aussitôt un air de profonde méditation, qui la fit hausser un sourcil. Mais elle finit par se retourner dans un gracieux mouvement.

Aussitôt, la rousse murmura :

« - Ce n'est pas elle qui va se marier, vu comment elle rejette tous ses prétendants ! Si moi je fais cela... Je vais être punie !

- Oui, je sais... Mais ne t'en fais pas. Tu trouveras quelqu'un. Sinon... Je pourrais peut-être en parler à Côme ? »

Eglantine avait été ma seule amie pendant toutes ces années, alors je voulais faire quelque chose pour elle. Ce n'était pas juste qu'elle soit obligée d'épouser un vieux croûton ! Elle m'adressa un sourire de remerciements :

« - C'est gentil Titania. Mais pour l'instant... Je préfère attendre. Au pire, quand tu seras déjà mariée et loin d'ici, je t'écrirai une lettre paniquée te demandant de faire partir mon prétendant de soixante ans ! »

Je pouffai de rire, et elle me suivit dans mon hilarité. Aussitôt, Mère Louise s'écria :

« - Calmez-vous, bon sang ! Qu'y a-t-il de drôle dans les Saintes Ecritures ?

- Rien, ma mère, répondit la rousse en tentant de prendre un ton posé.

- Alors arrêtez de rire. Titania, j'aurais à vous parler après. »

Aussitôt, je sentis mon cœur se mettre à battre la chamade. Elle était forcément au courant de la demande en mariage de Côme. Peut-être voulait-elle juste m'en parler ?

Lorsqu'elle arrêta sa lecture, mes camarades se levèrent, et Eglantine m'adressa un regard d'encouragement. J'attendais que toutes les orphelines soient sorties de la pièce pour aller m'agenouiller aux pieds de Mère Louise, comme il était coutume lorsqu'elle nous appelait comme cela. Mais elle prit mes mains dans les siennes pour me relever :

« - Non, Titania. Vous serez bientôt princesse, alors ne vous inclinez pas devant moi. »

Elle fut interrompue par plusieurs coups frappés à la porte. D'une voix calme, elle déclara :

The sound of silence (Tome 1) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant