18. Je reviendrai.

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Le lendemain, nous devions broder des nappes avec des motifs floraux. Mais j'étais encore furieuse. Comment ce malotru de Charles je-ne-savais-quoi avait-il pu se permettre d'agir comme ça ?! Je piquai sans relâche mon aiguille dans la toile, m'imaginant qu'il s'agissait de la tête de ce goujat. Je ne voulais pas l'épouser ! Pas lui !

Eglantine, à côté de moi, me murmura :

« - Calme-toi, Titania... »

Je soupirai en remuant la mâchoire. Je lui avais tout raconté au réfectoire, et elle avait compati à ma situation. Mais selon elle, Côme n'allait jamais laisser faire cela. Encore fallait-il que je le voie ! Et s'il pensait que je ne voulais pas le voir, tout cela parce que je n'étais pas venue la veille ?

Je m'arrêtai de broder pour souffler un instant, et intercepta un regard surpris de Mère Louise. Il était vrai qu'elle n'avait pas l'habitude que je sois aussi travailleuse. Si seulement elle savait quelles étaient mes motivations ! Je rebaissai le regard sur mon morceau de toile, pour constater que malgré toute mon énergie, je n'arrivais encore une fois qu'à une masse informe de couleurs. Et bien tant pis ! Que les pauvres fassent avec !

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Je n'avais osé rater le cours de musique pour aller voir Côme, peu sûre de sa présence. Cela faisait quatre jours dans la semaine qu'il venait, alors... Il n'allait sûrement pas être là aujourd'hui. Mon cœur se serra, mais ce n'était rien comparé à la colère qui m'habitait. Si jamais ce Charles revenait... Je ne savais pas ce que j'allais faire. A la vérité, j'allais sûrement me comporter comme une parfaite petite orpheline. Mais je n'allais pas moins en penser !

Nous écoutions Ada interpréter à la perfection une quelconque sonate de piano. Elle m'énervait, elle était douée dans tous les domaines ! Elle jouait bien de tous les instruments, elle avait une très belle voix, savait très bien peindre et danser, bref, elle était parfaite ! Et en plus, elle était belle. Pourquoi ce n'était pas elle que l'on avait présenté à Charles ?

« - Titania ? On vous demande ! »

Je sortis de mes pensées, pour voir qu'une sœur attendait près de la porte. Aussitôt, ma peau se couvrit de chair de poule. Non, non ! Je ne voulais pas revoir cet horrible individu ! Ma gorge se noua tandis qu'Eglantine me poussait pour que je me lève en me soufflant :

« - Tout va bien se passer, calme-toi. »

Comme dans un rêve, je sortis de la pièce pour suivre la sœur. En constatant que nous n'empruntions pas le chemin du parloir, je sentis des larmes de soulagement me monter aux yeux, et reniflai, accélérant l'allure sans m'en rendre compte. Elle me mena dans les jardins, m'adressa un regard d'avertissement, puis s'éloigna.

Aussitôt, je relevai mes jupes pour courir vers l'endroit où je rejoignais habituellement Côme. Il m'attendait, planté au milieu de la clairière comme un elfe à la beauté éclatante. Dès qu'il me vit, il ouvrit les bras pour me réceptionner, et je me jetai dans ses bras en sanglotant. Je m'accrochai à sa veste avec désespoir tandis qu'il me serrait contre lui, surpris. J'avais tellement eu peur qu'il ne m'en veuille de ne pas avoir été là la veille ! Il me caressa les cheveux pour tenter de m'apaiser, me berçant doucement. Comme j'aurais voulu l'épouser lui, et pas le malotru d'hier !

En constatant que je ne me calmais pas, il prit mon visage dans ses mains pour me forcer à le regarder. Son regard était empli d'inquiétude, et me demandait silencieusement ce qui n'allait pas. Je balbutiai, tentant d'être claire dans mes propos :

« - Je... Hier, je voulais vous voir, mais... J'ai été convoquée au parloir, et... Un homme était là... Il venait voir si... S'il voulait m'épouser ! »

The sound of silence (Tome 1) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant