Je ne dormis pas de la nuit, inquiète de l'état de Côme. Peut-être était-il gravement malade ? Jamais il n'aurait dû venir m'emmener au théâtre... Il aurait dû se reposer, j'aurais pu attendre deux jours avant de le voir ! Il n'allait sûrement pas revenir le lendemain. Cette pensée me déchira le cœur, mais je devais être forte. Il était sûrement alité, malade, seul, alors je n'allais pas m'apitoyer sur ma petite personne !
Je me tournai dans le lit, soulagée d'être seule dans la chambre. Je n'aurais pas supporté les questions insistantes d'Eglantine. Je voulais réfléchir seule à la situation. Mais à vrai dire, plus je pensais au comportement de Côme, plus l'angoisse serrait mon cœur. Je pressentais qu'il était très malade. La preuve, il n'avait pu rester conscient jusqu'à la fin. Mais si seulement il s'était ménagé, si seulement il n'était pas venu !
Je me mordis la lèvre, refusant de pleurer. Son état allait s'améliorer, c'était obligatoire. Il n'allait pas venir pendant deux ou trois jours, puis reviendrait, guéri.
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Le lendemain, pendant que Mère Louise nous surveillait alors que nous reprisions de vieilles affaires, Eglantine me demanda en souriant :
« - Alors ? Tu es allée où ? C'était comment ? »
Je pris une grande inspiration, avant de répondre en souriant :
« - Au théâtre. Il m'a emmenée voir Roméo et Juliette. C'était... Parfait. J'ai même pleuré à la fin !
- Je le savais. Déjà que tu m'avais dit que tu avais pleuré en lisant la pièce, alors... »
J'eus un sourire amusé, avant de me pencher sur mon jupon pour camoufler mon trouble. Je mourrais d'envie d'avoir des nouvelles de Côme, et... Je n'en avais pas. Je vis la rousse me jauger du regard, mais elle resta silencieuse, ce qui m'étonna. Mais je lui étais reconnaissante. Je n'avais pas la force de tout lui raconter, je m'inquiétais déjà bien assez comme ça.
« - Titania, pour l'amour du ciel ! Concentrez-vous ! »
Mère Louise semblait à bout de nerf. Je pris conscience que mon aiguille était plantée depuis un certain temps dans le tissu, sans que je ne cherche à l'y enlever. Je remuai la mâchoire avant de continuer mon reprisage en tentant de me concentrer sur ce que je faisais. Dès que mes pensées dérivaient vers Côme, je me rappelais à l'ordre et serrais les dents.
Le résultat fut que je ne vis pas l'après-midi passer. Je m'acharnais à me concentrer, et à coudre. Après avoir fini de repriser mon jupon, je m'attaquai à l'ourlet de ma chemise, puis aux dentelles de ma robe brune. Jamais je n'avais autant réprimé mes pensées. Et cela m'était presque douloureux. Mais Côme souffrait bien plus. Alors je lui devais bien cela.
« - Titania ? Vous pouvez arrêter de coudre. »
Je me figeai, clignant plusieurs fois des paupières, avant de lever la tête. J'étais seule dans la pièce. Et je sentais des larmes séchées sur mes joues. Abasourdie et ne sachant pas ce qui venait de se passer, je levai la main pour essuyer mon visage sous le regard inquiet de Mère Louise. Elle s'approcha de moi, et me demanda d'une voix douce :
« - Qu'y a-t-il, ma fille ? »
J'aurais pu tout lui avouer, mais je savais qu'elle allait désapprouver l'amour que j'avais pour Côme. Alors, je marmonnai :
« - Rien, ma mère. Cela doit être la fatigue, j'ai mal dormi cette nuit.
- A cause de la pluie, n'est-ce pas ? »
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The sound of silence (Tome 1) ✅
Historical Fiction« - Voici Titania. Elle sera la personne idéale pour votre requête. » Une requête ? Mon cœur se remit à tambouriner dans ma poitrine sous le coup de l'angoisse. Qu'attendait-on de moi ? Le vieil homme s'avança vers moi, avant de m'intimer d'une vo...