« - Non ? Vraiment ?! Mais c'est génial ! »
Je ne parvenais à contenir ma joie. Côme venait de m'apprendre qu'il était déjà allé au théâtre et à l'opéra. Je m'agrippai à son bras en le pressant de questions :
« - Comment est-ce ? Beau ? Grand ? Ou alors couvert d'or ? Et les personnes ? Comment sont-elles ? Elles ont de belles robes ? De beaux bijoux ? »
Il eut un rire silencieux devant mon empressement, avant de lever les mains en signe de défense. Sur les morceaux, déjà couverts d'écriture, il griffonna tandis que je me penchai vers lui pour lire au fur et à mesure qu'il écrivait :
C'est très grand. Il y a de très beaux lustres, de lourds rideaux rouges sur le devant de la scène, qui s'abaissent lorsque les actes sont terminés. Les loges sont magnifiques, avec de la feuille d'or sur les moulures. Les spectateurs sont très bien habillés. Les dames ont de belles robes, qui scintillent de diamants et de perles. Elles arborent des bijoux voyants, et sont coiffées avec art. Les hommes aussi se préparent beaucoup pour aller là-bas. Le jeu d'acteur est
Il n'eut plus de place pour écrire, alors froissa le papier dans son poing avant d'en prendre un autre.
Le jeu d'acteur est vraiment très beau à voir. On sent qu'ils aiment ce qu'ils font. Ils arrivent à rentrer dans leurs personnages, comme s'ils étaient eux.
Je soupirai :
« - Oh, comme j'aimerais y aller... »
Les yeux écarquillés d'émerveillement, j'imaginai les scènes, m'aidant des descriptions de Côme. Cela devait être tellement... Génial ! Un sourire m'échappa lorsque je m'imaginai comme une dame, somptueusement vêtue et parée de bijoux, au bras d'un homme, qui étrangement, prenait une apparence très semblable à celle du brun. J'imaginais la scène, couverte d'acteurs et de chanteurs, interprétant Roméo et Juliette. Cette pièce était ma préférée, parmi tous les livres que j'avais lu et qu'Eglantine m'avait prêté. Cet amour voué à l'échec me faisait toujours pleurer. Le dénouement était si tragique... Mais tout était beau dans cet amour pur. L'innocence de Juliette, qui était prête à tout pour vivre avec Roméo, même si c'était dans la mort. Quant à Roméo, qui était si coureur de jupons au début de la pièce, il se révélait au contraire doté d'une très belle âme.
Une pression sur ma main me fit revenir au présent. Je baissai la tête, surprise, avant de regarder Côme, qui me fixait, un air indéchiffrable sur le visage. Je m'empourprai, avant de bredouiller :
« - Je... Je suis désolée, je pensais... Rien. Ce n'est rien. »
Il griffonna rapidement, et me tendit le bout de papier.
Ne dîtes pas des choses comme cela. Vos pensées ne sont jamais « rien ».
« - Oh si ! Je veux dire... Je sais très bien que... Je ne pourrai jamais avoir un niveau de pensées aussi haut que le vôtre, et... »
Je me tus en voyant ses sourcils se froncer. Il secoua la tête, avant d'écrire, les mâchoires serrées.
Ce n'est pas parce que j'ai des parents que je suis forcément plus intelligent, plus doué que vous. Arrêtez de vous rabaisser. Vous êtes tout, sauf une jouvencelle empotée. Au contraire, vous êtes une personne très intelligente et sensée.
Je voulus protester mais il me lança un regard sombre, alors je fermai la bouche et mordis ma langue. Etrangement, cela me touchait de le voir prendre ma défense, même s'il ne me connaissait que très peu. Alors, j'acquiesçai. Son regard devint plus doux, tandis qu'il se détendait. Il me considérait maintenant avec une sorte de tendresse dans ses prunelles vertes. Intimidée et troublée, je détournai le visage pour fixer un arbre, devant nous. Tant d'attentions m'étaient inconnues, surtout venant d'un jeune homme.
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The sound of silence (Tome 1) ✅
Historical Fiction« - Voici Titania. Elle sera la personne idéale pour votre requête. » Une requête ? Mon cœur se remit à tambouriner dans ma poitrine sous le coup de l'angoisse. Qu'attendait-on de moi ? Le vieil homme s'avança vers moi, avant de m'intimer d'une vo...