16. Je sais qu'il n'y a aucun avenir pour nous !

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« - Eh bien voilà ! Je t'avais dit qu'il avait revenir, Titania !

- Je sais Eglantine... Tu avais raison. »

Mon amie eut un sourire resplendissant, mais baissa bien vite le nez sur sa broderie quand elle vit que Mère Louise s'approchait. Je fis mine de broder aussi, le cœur bien plus léger que la veille. J'aurais voulu passer toute la journée à ses côtés, pour essayer de compenser tous ces jours d'absence, mais... Je ne le pouvais pas. Je maudissais cet orphelinat qui me retenait prisonnière loin de Côme ! Soudainement énervée, je piquai mon aiguille dans le canevas avec vigueur, ce qui fit rire la rousse sous cape. Elle me souffla :

« - Je plains la pauvre personne qui un jour t'agacera.

- Ce n'est pas drôle. »

Mais malgré moi, un sourire m'échappa. Je ne pouvais bouder Eglantine...

Soudain, la porte de la pièce s'ouvrit pour laisser voir le directeur. Aussitôt, nous lâchâmes toutes nos broderies pour nous lever et effectuer une révérence. Mon amie me lança un regard inquiet, et je haussai discrètement les épaules. Je ne savais pas pourquoi il était là. Il échangea un long regard avec Mère Louise, avant de lui demander :

« - Puis-je vous voir ? »

Elle acquiesça, et sortit de la pièce en nous libérant plus tôt.

Immédiatement, Eglantine m'agrippa le bras :

« - Qu'est-ce qu'étaient toutes ces cachotteries ? Oh là là, peut-être que... Quelqu'un nous rend visite ? La famille royale ? »

J'étouffai un rire de la main, songeant qu'un prince venait ici uniquement pour me voir presque tous les jours. Un prince... Je me rembrunis, et la rousse me demanda, inquiète :

« - Ça va, Titania ?

- Oui, oui. Je vais bien. Je suis juste un peu fatiguée. »

Mais c'était un mensonge. La condition de Côme venait de me frapper comme une masse. Il était prince ! Comment avais-je pu l'oublier ? Il n'y avait aucun espoir pour nous deux...

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C'était le cœur serré que j'attendais Côme. J'avais un instant effacé de ma mémoire son rang social, le fait qu'il était prince héritier, pour me concentrer uniquement sur mon bonheur. Mais je savais que tôt ou tard, il allait devoir se marier, épouser une riche princesse. Et je ne voulais pas être une maîtresse de l'ombre. Je préférais encore ne plus le voir, plutôt que de savoir qu'il aimait une autre femme. Je ne voulais pas avoir le cœur brisé.

J'entendis des bruits de pas derrière moi, alors pris une grande inspiration et me retournai lentement. Côme s'avançait vers moi, un sourire sur les lèvres. Mais quand il vit que je ne souriais pas et que je ne courrais pas vers lui, il afficha une mine inquiète, et prit mes mains entre les siennes pour les embrasser doucement. Je bredouillai :

« - Je... J'ai réfléchi, et... »

Il me coupa en posant un doigt sur mes lèvres, une moue paniquée sur le visage. C'était fou à quel point il avait une figure expressive ! Il fouilla ses poches pour trouver un bout de papier, et écrivit rapidement, la mine déchirée.

Pitié, ne me dîtes pas que vous ne m'aimez plus !

Aussitôt, je secouai la tête en m'écriant :

The sound of silence (Tome 1) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant