8. Pardonnez-moi, je vous en supplie !

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La première chose que je vis fut le regard profondément admiratif de Côme. Je me sentis rougir encore davantage. Sans le regarder, je m'assis correctement, et arrangeai mes jupes d'un geste machinal. Je vis du coin de l'œil qu'il ne perdait pas une miette de mes mouvements, le regard intense. J'eus un sursaut quand le laquais ferma la portière, et peu de temps après, la calèche se mit en route.

Gênée et intimidée, je gardai la tête baissée, fixant mes mains croisées. Je craignais de croiser ses prunelles. Lentement, je le sentis prendre mon menton entre ses doigts et relever mon visage vers lui. Il avait lui aussi les joues rouges, mais m'adressa timidement un sourire rassurant. Il me lâcha pour fouiller dans ses poches, avant d'en sortir un petit bout de papier, sur lequel il écrivit.

Vous êtes ravissante. J'avais peur que la tenue ne vous aille pas, et je ne connaissais pas vos mensurations. Mais vous êtes magnifique.

Mes joues s'empourprèrent tandis que je murmurai :

« - Merci pour la robe, et... Pour l'invitation. »

Il eut un signe de la main, signifiant que ce n'était rien, avant de me fixer avec tendresse. Je déglutis avec difficultés, ne sachant que dire. J'étais follement heureuse d'être là avec lui, mais... J'angoissais. Je ne savais comment me comporter, et j'avais peur de commettre une bêtise et de le mettre dans l'embarras.

Soudain, il prit mes mains entre les siennes, et je relevai la tête vers lui. Ses prunelles étaient pleines d'inquiétude. Je lui souris doucement :

« - Ce n'est rien, je suis juste... Je ne m'y attendais pas, et... C'est tout nouveau pour moi, alors... »

Je haussai les épaules. Il me lâcha pour écrire en souriant.

Connaissez-vous La Traviata ?

Je fronçai les sourcils, réfléchissant. Je n'avais jamais entendu ce nom. Je secouai donc la tête :

« - Non. Qui est-ce ? C'est... Une personne célèbre ? C'est cela ? Nous allons la voir ce soir ? »

Me prenant par surprise, il eut un rire silencieux. Vexée, je croisai les bras en me renfrognant un peu. Pourquoi se moquait-il de moi ? Comprenant qu'il m'avait froissée, il griffonna rapidement, avant de me tendre le bout de papier.

Je suis navré, je ne voulais pas vous vexer. La Traviata est le nom de l'opéra que nous allons voir. Je vous en prie, pardonnez-moi.

J'acquiesçai immédiatement, ne supportant pas de le voir si honteux. Il me lança un regard profondément soulagé, avant d'écrire de nouveau.

L'opéra est en italien, donc c'est normal si vous ne comprenez rien. L'histoire est assez triste, comme dans tous les opéras. J'espère que vous ne serez pas trop attristée.

Je me mordis la lèvre, avant de secouer la tête :

« - Ne vous inquiétez pas. Si je ne comprends rien... Je ne peux pas être triste. »

J'étais à deux doigts d'ajouter qu'à ses côtés, jamais je ne pourrais être affligée, mais mordis ma langue au dernier moment. Qu'allait-il penser de moi si je lui disais cela ?

Il eut un sourire en coin qui me remua le ventre, avant de reprendre mes mains dans les siennes et d'entrelacer nos doigts. Je sentis mes joues s'enflammer, mais ne fis pas un geste pour les retirer. Je ne voulais pas. Je relevai doucement la tête, et plongeai mon regard dans ses prunelles vertes, emplies d'une infinie tendresse.

Soudain, la calèche s'arrêta, alors il lâcha mes mains comme à regret. Profondément troublée par ce que je ressentais, je détournai le visage, et m'empressai de sortir de l'habitacle. Mais je m'arrêtai, stupéfaite par ce que je voyais. Nous nous trouvions devant un immense bâtiment éclairé, devant lequel attendaient deux hommes. Dès qu'ils virent Côme sortir de la calèche, ils vinrent à notre rencontre, et s'adressèrent à lui. Mais je me désintéressai de la conversation pour dévorer des yeux l'immense opéra. Même si cela m'étonnait qu'il n'y ait personne à part nous, je ne m'en préoccupai pas, fascinée par ce que je voyais. D'énormes vitres laissaient voir l'intérieur, et j'écarquillai les yeux. Un grand escalier menait à un étage, et était recouvert d'un épais tapis rouge, tandis que de splendides lustres éclairaient le tout.

The sound of silence (Tome 1) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant