9. Nous vous avons menti.

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« - Alors ? Comment était ta soirée ? »

Je percevais une très nette pointe d'envie dans la voix d'Eglantine. Nous étions en pause, et elle m'avait traînée de force dans un coin peu fréquenté pour certainement m'assaillir de questions. Je ne pus m'empêcher de rougir, ce qu'elle remarqua. Sa bouche s'arrondit en un « o » parfait sous le coup de la surprise, et elle s'agrippa à mon bras en s'exclamant :

« - Non ! Qu'est-ce que cela signifie ?

- Tu avais raison... soufflai-je »

Elle écarquilla les yeux, avant d'afficher un grand sourire :

« - Bien sûr que j'avais raison ! C'était évident que tu l'aimais ! Et lui ? »

Je rougis davantage, avant de plaquer mes mains sur mes joues. Elle s'écria :

« - Ce n'est pas vrai ?! Lui aussi ? C'est très bien ! Comment c'était ? Vous vous êtes embrassés, comme dans les livres ?

- Non, nous... N'avons pas eu le temps. Mais...

- Vous avez essayé ? Oh, Titania ! »

Elle rayonnait de bonheur, comme si c'était elle qui était éprise de Côme. Je sentis mon cœur se serrer de jalousie, mais repoussai ce sentiment indigne loin de moi. A la place, je souris doucement, avant de soupirer :

« - Il est tellement gentil, et... Parfait.

- Je m'en doute. »

La rousse m'adressa un clin d'œil. J'hésitai, puis avouai :

« - Mais je ne sais presque rien sur lui, et... J'ai l'impression qu'il ne veut rien me dire. »

Surprise, elle me considéra longuement, avant de hausser les épaules :

« - Tu sais... C'est sans doute normal pour lui de ne pas se confier à toi. On apprend aux jeunes aristocrates à se tenir, à maîtriser leurs sentiments et toutes ces choses, alors... Ton Côme doit sûrement être timide, ne pas savoir comment réagir. Comme toi, en somme. »

Je me mordis la lèvre, réfléchissant. Elle avait forcément raison. Côme n'avait rien à cacher, alors... Il était timide. Je me sentis rougir en repensant à lui. Eglantine étouffa un rire de la main, avant de me demander :

« - Quand revient-il ?

- Je ne sais pas. »

C'était la vérité. Il ne me l'avait pas dit. Je sentis la tristesse s'emparer de moi, et me mordis la lèvre. Elle s'en aperçut, et remua la mâchoire :

« - Désolée, je ne savais pas. Elle adopta un ton plus enjoué. Raconte-moi tout dans les détails ! »

Mon moment de faiblesse dissipé par sa bonne humeur, je lui contai tout. La robe, le trajet, l'opéra, la révélation que j'avais eu sur mes sentiments, le retour, et notre presque-baiser interrompu. Elle m'écoutait attentivement, des étoiles plein les yeux. Elle m'interrompait parfois pour avoir des détails, avant de replonger dans un silence émerveillé.

Quand je me tus, elle cligna plusieurs fois des paupières, puis soupira :

« - Tu as tellement de chance... Mais moi aussi, je trouverai un homme qui m'aimera comme ton Côme t'aime.

- Je te le souhaite de tout cœur, Eglantine. »

Elle me tira la langue pour plaisanter.

The sound of silence (Tome 1) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant