Assis dans un confortable fauteuil, j'observai Titania lire. Je n'avais pas de livre dans les mains, mais ses expressions faciales étaient comme lire un ouvrage. Elle passait de l'émotion la plus triste aux sourires, puis affichait une moue stupéfaite, avant de sembler en colère. Elle relisait encore une fois Roméo et Juliette. Depuis qu'on était marié, cela devait bien être la... Troisième fois qu'elle le lisait. Et chaque fois, à la fin, elle venait se blottir dans mes bras en sanglotant. C'était attendrissant.
Le feu qui brûlait dans la cheminée donnait une teinte de miel à sa peau et à sa chevelure, et je ne me lassais pas de la contempler. Elle était si belle... Cela faisait un mois, jour pour jour, que je l'avais épousée, mais j'avais l'impression de la redécouvrir chaque jour. Elle eut un frisson de froid, et leva son visage vers moi. En voyant que je la fixai, elle plissa le nez à mon encontre :
« - Arrête de me regarder ! Je n'aime pas quand tu fais ça, tu le sais très bien ! »
J'eus un sourire amusé, et fis mine de me plonger dans la contemplation du feu. Du coin de l'œil, je la vis sourire, puis se replonger dans sa lecture. Elle était vautrée dans un fauteuil, les jambes pendant d'un côté et le dos appuyé sur l'autre accoudoir, ses longs cheveux nattés retombant jusqu'au sol. J'adorais y plonger mes mains pour les caresser, les tenir entre mes doigts. Mon regard dériva sur son visage, que je voyais de profil. Je voyais son œil gauche bouger au rythme de sa lecture.
Soudain, elle tourna la tête vers moi, l'air faussement énervée :
« - Mais euh, Côme ! Je n'aime pas quand tu me fixes ! »
Je lui tirai la langue, et elle afficha une moue surprise. Puis elle avança ses lèvres en une moue boudeuse :
« - Tu m'embêtes. »
Elle tourna le visage pour continuer à lire, mais je voyais bien qu'elle me lançait de rapides regards. Pour éviter de l'agacer davantage, je me levai pour me rasseoir en tailleur devant la cheminée. Dans notre partie isolée du château, il faisait bien plus froid qu'ailleurs, car il manquait de tapisseries sur les murs pour que le froid ne s'installe pas. Alors des feux flambaient dans toutes les pièces.
Je me réchauffais agréablement, appréciant la chaleur qui me frappait par ondes. Je sursautai lorsque Titania vint se blottir contre moi, et lui lançai un regard rapide. Mais elle ne pleurait pas. Donc elle n'avait pas encore fini la pièce. J'embrassai son front, avant de poser ma tête sur la sienne en silence. Nous restâmes un long moment comme ça, mais... J'aimais la tenir dans mes bras.
Soudain, elle bougea, tournant son visage vers la porte. Les sourcils froncés, je fis de même, et reconnus, dans l'embrasure de la porte, le visage constellé de rousseur de... Eglantine, si je me souvenais bien. Aussitôt, Titania se libéra de mon étreinte pour courir se jeter dans les bras de son amie. Je ne lui avais pas dit que j'avais appuyé la demande en mariage de Jean, espérant lui en faire la surprise. D'ailleurs, le garde s'encadra à côté de la rousse, posant une main protectrice sur son épaule. Il eut un regard empli de gratitude pour moi, et inclina légèrement la tête. Je lui souris en retour, puis reportai mon attention sur la brune, qui babillait sans fin, échangeant sûrement des éléments de sa vie avec son amie. Mais je ne les entendais pas.
Une vague de tristesse me frappa, et je serrai les dents en me redressant et en essayant de ne rien laisser paraître de ma peine. Je devais être heureux, parce que Titania l'était. Elle se retourna soudain, et j'affichai un sourire de circonstance. Elle vint me prendre dans ses bras, et je vis ses lèvres bouger :
« - Merci d'avoir fait cela pour Eglantine ! Je ne voulais qu'elle épouse un vieillard, et j'avais bien vu que... Jean l'attirait, mais... Je ne savais pas que tu avais utilisé ton influence pour appuyer sa demande en mariage. Merci. »
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The sound of silence (Tome 1) ✅
Historical Fiction« - Voici Titania. Elle sera la personne idéale pour votre requête. » Une requête ? Mon cœur se remit à tambouriner dans ma poitrine sous le coup de l'angoisse. Qu'attendait-on de moi ? Le vieil homme s'avança vers moi, avant de m'intimer d'une vo...