31. Alors, calme-toi.

5.9K 488 55
                                    

Je m'éveillai en sursaut au bord du lit, dans le noir, et les draps rejetés loin de moi. J'avais rêvé que Titania avait été tuée par mon oncle, alors qu'elle était dans la salle à dessins. Ma peau était moite de sueur, et ma gorge nouée. J'inspirai profondément, mais ne parvenait à me défaire de la panique qui empoisonnait mon cœur. Brusquement, je m'assis au milieu du lit, des larmes roulant sur mes joues. Tout avait été si réel... Son corps, étendu au milieu de ses croquis, la terreur qui m'avait envahie, le désespoir que j'avais ressenti quand j'avais réalisé qu'elle était morte... Et la rage qui m'avait habité lorsque j'avais vu la silhouette de mon oncle dans un coin de la pièce. Je me passai une main sur le visage, essayant d'essuyer mes larmes.

Soudain, je sentis un corps chaud se coller contre mon dos, et reconnus l'odeur si douce et familière de Titania. Aussitôt, je me retournai et me blottis entre ses bras en sanglotant. Elle nous rallongea sur le matelas, caressant doucement mes cheveux. Mais je pleurais sans pouvoir m'arrêter. J'avais entrevu l'espace d'un rêve ce que serait ma vie sans elle, et c'était déjà trop douloureux ! Alors si jamais cela arrivait en vrai... Allais-je survivre ? Non ! Mes pleurs redoublèrent tandis qu'elle resserrait son étreinte autour de moi. Je sentais sa bouche qui bougeait près de mon oreille, me murmurant sans doute des paroles apaisantes.

Je relevai brusquement la tête pour l'embrasser à l'aveuglette. Lorsque je rencontrai enfin sa bouche, je capturai ses lèvres avec douleur, étreignant son corps fin entre ses mains. Titania me serra contre elle, répondant avidement à mes baisers. J'avais envie, j'avais besoin d'elle ! Sans réfléchir, je repoussai le drap qui nous séparait et agrippai ses hanches, enfonçant mes doigts dans sa peau. Elle s'accrocha à mes épaules tandis que je pressai mon bassin contre le sien. Malgré sa fatigue et son inquiétude que je devinais, elle ne me repoussa pas, comprenant que c'était le seul moyen pour que je me calme, que je redevienne moi-même. Je la sentis vite se tendre contre moi, son corps devenu moite se serrant contre le mien. Rapidement, tous mes soucis s'envolèrent tandis qu'elle se cabrait, enfouissant son visage contre mon épaule pour étouffer un cri. Je me laissai retomber à côté d'elle, et me frictionnai le visage, plus serein mais l'angoisse toujours présente au fond de moi.

Je vis soudain la pièce s'éclairer, et tournai la tête. Elle avait allumé une bougie, qui projetait une faible lueur sur la chambre. Titania s'enroula dans les draps et vint se blottir dans mes bras. Elle caressa doucement mon torse, avant de relever sa tête vers moi :

« - Tu vas bien ? »

Je me mordis la lèvre, avant d'acquiescer. C'était la vérité. J'allais bien mieux qu'à mon réveil. Elle souffla :

« - Bien. Tant mieux, alors. Tu veux m'en parler ? »

Lui en parler ? Non ! Elle risquait de se sentir encore plus en danger que maintenant. Alors je secouai la tête avec un léger sourire, prétextant que ce n'était rien. Elle eut un soupir peu convaincu, mais ne dit rien. Elle embrassa fugacement mes lèvres, et s'écarta pour souffler sur la bougie, puis se rallongea contre moi. J'entourai sa taille de mes bras, et l'embrassai sur le front avant de me caler plus confortablement.

Dans le noir, tandis que je la sentais s'endormir peu à peu, je ne pouvais m'assoupir, promenant mon regard dans la pièce et scrutant les moindres détails. N'était-ce pas une silhouette humaine que j'apercevais là, malgré la pénombre ? Je clignai des yeux, et elle disparut. Mais à force de scruter chaque partie de la chambre, je sentis la terreur serrer lentement mon cœur. Il y avait des silhouettes partout ! Alors je me tournai pour enfouir mon visage dans le cou de Titania, et fermai les yeux de toutes mes forces. Je sentais des larmes de panique couler le long de mes joues et finir sur ma peau, et soudain, ses bras se resserrèrent autour de moi. Elle caressait mes cheveux avec douceur, bougeant dans un doux mouvement de bercement tandis que je m'agrippais à ses épaules en pleurant. J'avais si peur de la perdre ! Trois mois à ses côtés, c'était bien trop peu ! Je voulais vivre toute ma vie avec elle, pas un court moment !

The sound of silence (Tome 1) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant