27. Ne dis plus jamais ça.

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Je m'éveillai en sursaut, désorienté. Où étais-je ? Ce n'était pas ma chambre ! Je sentis un corps chaud pressé contre le mien, et aussitôt, tout me revint. Titania, le mariage, la nuit de noces que nous n'avions pas faite... Elle était encore endormie, je ne l'avais heureusement pas réveillée. Doucement, je caressai ses doux cheveux, souriant malgré moi. Hier avait été la plus belle journée de ma vie. Quand je l'avais vue arriver dans la petite chapelle, j'avais nettement senti mon cœur s'arrêter de battre. Elle était si belle, dans sa robe blanche ! Et lorsqu'elle s'était trompée de main pour me passer l'alliance au doigt, j'avais eu la certitude que c'était elle, la femme de ma vie.

Elle était allongée sur mon torse avec ses doigts agrippés à ma chemise, comme si elle craignait que je ne m'en aille au réveil. Avec la légère lumière qui traversait les lourds rideaux, je remarquai qu'elle avait toujours le collier de diamant au cou. Je savais que c'était Léandre qui le lui avait offert. Délicatement, je passai mes doigts autour de son cou, et dégrafai la parure pour la déposer sur la table de chevet.

Soudain, elle se tourna sur le flanc, et je vis un pendentif glisser hors de sa chemise. Doucement, je m'en emparai, mais ne pus voir ce qu'il représentait, la luminosité étant trop faible. Alors je le lâchai, et caressai la joue de Titania en soupirant. Jamais je n'aurais pensé l'épouser un jour... Elle était trop bien pour moi. Mais si je le lui disais, elle allait sûrement gonfler ses joues d'énervement, avant de me lancer un regard sombre, comme elle savait si bien le faire. J'adorais quand elle faisait cela. J'avais remarqué, aussi, qu'elle affichait parfois une moue penaude. Elle le faisait lorsqu'elle parlait en me tournant le dos, et que je ne pouvais donc pas la comprendre. C'était assez attendrissant.

J'embrassai sa joue, et elle plissa le nez avant de se retourner, n'offrant plus que l'arrière de son corps à ma vue. J'eus un sourire amusé, et me rapprochai d'elle pour me mouler contre son dos. J'entourai sa taille d'un bras, repoussant son épaisse chevelure pour pouvoir poser ma tête sur l'oreiller. Elle s'agita un instant, puis se calma. D'où j'étais, je pouvais voir ses lèvres bouger rapidement, mais ne pouvais entendre ce qu'elle marmonnait. Mon cœur se serra douloureusement, alors je me pressai plus contre elle en enfouissant mon visage dans le creux de son épaule. Elle avait épousé un sourd. Un prince, certes, mais un infirme.

Je repensais au jour où je l'avais demandée en mariage. Elle avait tout d'abord refusé. Ma bouche s'ouvrit de stupeur, tandis que je prenais conscience d'une chose. Je l'avais forcé à m'épouser ! Elle ne voulait pas, et... Et je l'avais embrassée. Alors seulement, elle avait accepté. Tout était de ma faute ! Je l'avais enchaînée à un sourd pour le restant de ses jours. Le dégoût de moi-même me submergea, et je la lâchai pour m'asseoir au bord du lit, les jambes pendantes. Comment avais-je pu faire cela ?! Je me pris le visage entre les mains, et lâchai un souffle horrifié. J'avais été si... Si égoïste !

Je sursautai en sentant les draps bouger, mais ne me retournai pas. Comment allais-je pouvoir la regarder en face, après ce que je l'avais forcée à faire ?! Une main se posa doucement sur mon épaule, alors j'eus un mouvement du bras pour me libérer de son étreinte. J'étais au bord des larmes, honteux et dégoûté. Soudain, Titania entoura ma taille de ses bras et se pressa contre moi. J'aurais voulu qu'elle me lâche, et tirai sur ses mains, mais elle avait bien plus de force que je ne l'aurais soupçonné. Je finis par abandonner en soupirant. Elle parsema mon dos, ma nuque et mes épaules de légers baisers, et je sentis toute ma résistance faiblir. Je l'aimais tellement ! Et je l'avais forcé à m'épouser.

Devant mon manque de réaction, elle s'arrêta, puis, doucement, me lâcha. Je sentis qu'elle bougeait, s'éloignant de moi. Peut-être l'avais-je attristée ? A cette pensée, un violent remord m'envahit. Comment pouvais-je être odieux au point de la faire pleurer ? Aussitôt, je me tournai, mais n'eus pas le temps d'aller plus loin car elle se jeta presque sur moi et se blottit dans mes bras, s'accrochant à ma chemise et enfouissant son visage dans le creux de mon cou. Je sentais son souffle rapide dans mon cou, et balbutiai :

The sound of silence (Tome 1) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant