« - Et quel est votre livre préféré, Titania ? »
La gorge nouée par la colère, j'aurais voulu me taire, ou alors l'envoyer promener. Côme revenait aujourd'hui, et ce Charles de malheur avait choisi cet instant pour revenir ! Je m'obligeai à respirer correctement. Jamais je n'allais pouvoir répondre que j'adorais Roméo et Juliette. La sœur qui nous surveillait allait s'évanouir. Et de toute façon, cela ne le regardait pas !
D'un ton qui se voulait neutre, je répondis :
« - J'aime lire les œuvres pieuses. Elles sont très instructives.
- Oh, c'est parfait. Et combien voudriez-vous avoir d'enfants ? »
Aucun avec lui. Je faillis rire tant sa question n'avait aucun rapport avec la précédent. Mais voyant qu'il attendait ma réponse, je haussai les épaules, essayant de paraître docile, voire soumise :
« - Peu m'importe. Autant que mon mari voudra. Plusieurs garçons, si c'est possible, afin de perpétuer le nom que je porterai grâce à mon époux. »
Il acquiesça devant ma réponse, satisfait. S'il savait que ces phrases que je lui débitais depuis la première fois qu'il était venu étaient l'exact opposé de ce que je pensais réellement ! Il aurait une attaque. J'eus du mal à contenir mon éclat de rire, et le fit passer pour une quinte de toux. Il revint à la charge, tous sourires :
« - Et comment élèverez-vous vos enfants ?
- Selon les principes que mon mari m'aura appris.
- Très bien. »
J'avais envie de lui hurler que je le détestais, qu'il me dégoûtait, que j'adorais un autre homme que lui. Mais je ne le pouvais. J'étais obligée de rester là, à lui sourire comme si j'étais une pauvre jeune femme stupide. Il me demanda :
« - Si vous deviez avoir un fils, comment l'appelleriez-vous ?
- Côme. »
J'avais répondu sans réfléchir, l'esprit envahi par la pensée du brun. Si seulement ce Charles pouvait se dépêcher ! Il eut l'air surpris en entendant ma réponse, avant d'acquiescer :
« - En hommage au jeune prince ? C'est une très bonne idée. Il va en avoir besoin, car être sourd, alors que l'on est prince héritier... C'est fâcheux, pour ne pas dire dommage ! »
Il eut un bref rire, et je serrai les poings de toutes mes forces pour ne pas répliquer. Mais je mourrais d'envie de prendre la défense de Côme. Comment ce malotru pouvait-il se moquer de lui ?!
Quand Charles releva le visage vers moi, j'affichai aussitôt un sourire en réponse au sien, et il eut une moue appréciatrice en détaillant mon corsage. S'il n'y avait pas eu la grille entre nous, j'étais certaine que je l'aurais déjà giflé. Ou alors je l'aurais assommé. Oui, sûrement. Mais dans tous les cas, je ne serais certainement pas restée là à lui sourire.
Soudain, la porte s'ouvrit derrière moi. Je me retournai, folle d'espoir, mais ce n'était que Mère Louise. Celle-ci eut un sourire pour Charles, avant de se tourner vers moi :
« - Titania, veuillez sortir, je vous prie. Je dois parler avec monsieur de Brouvin. »
J'acquiesçai, me relevant en essayant de ne pas paraître trop empressée. J'effectuai une petite révérence pour ce goujat, et alors que j'allais sortir de la pièce, la supérieure m'appela :
« - Titania ?
- Oui, ma mère ? »
Mon cœur se mit à battre à tout rompre. Que voulait-elle ? Mais elle se contenta de me sourire, presqu'avec tendresse. Jamais elle ne m'avait regardée comme cela, j'avais l'impression d'être vraiment sa fille. Elle me déclara :
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The sound of silence (Tome 1) ✅
Historical Fiction« - Voici Titania. Elle sera la personne idéale pour votre requête. » Une requête ? Mon cœur se remit à tambouriner dans ma poitrine sous le coup de l'angoisse. Qu'attendait-on de moi ? Le vieil homme s'avança vers moi, avant de m'intimer d'une vo...