4. Ce n'est pas mon Côme !

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En me réveillant le lendemain, je sentis mon cœur se serrer sans raison aucune. En l'ignorant, je rabattis mes draps, et me levai, comme toutes les pensionnaires. En simple chemise, j'eus un frisson de froid. Je vis du coin de l'œil Eglantine me lancer un regard amusé, alors lui souris en retour. Puis, sagement et en file indienne, nous nous rendîmes dans le cabinet de toilette. Dans la grande pièce étaient alignées des vasques pour que nous puissions nous laver le visage et le cou. Ensuite, nous passions dans la pièce attenante pour nous habiller.

Habilement, je parviens à me placer à côté de la rousse, qui me souffla :

« - Aujourd'hui, pas d'échappatoire ! Tu vas devoir broder !

- Je sais... »

Elle me fit un clin d'œil complice, et je mordis mon sourire pour ne pas me faire réprimander. Mais à la réflexion, j'aurais presque préféré avoir des cours de chant, plutôt que de devoir broder. J'avais beau être très mauvais pour chanter juste, j'étais néanmoins plus douée pour cela que pour la broderie.

Eglantine me donner un discret coup de coude, et je revins au présent en clignant des yeux. Les orphelines se dirigeaient vers la garde-robe, docilement comme nous avions appris à l'être avec les années. Je remerciai mon amie d'un sourire, avant de les suivre.

Comme chaque matin, notre linge plié nous attendait sur une grande table, avec nos noms brodés sur chaque tissu. Machinalement, j'enfilai mes jupons, puis passai ma jupe de tissu brun, avant de mettre mon corsage de la même couleur. Puis, je me tournai pour que la rousse me lace correctement les lacets, et je fis pareil pour elle. Ensuite, je me coiffai, nattant mes longs et épais cheveux châtains avant de les enrouler en chignon. Du coin de l'œil, j'observai Ada, espérant comprendre comment elle parvenait à faire ses chignons que j'admirais tant. Mais j'avais beau essayer de reproduire sa coiffure depuis des années, je n'y parvenais pas. De toute façon, si je me mariais, il y aurait bien des bonnes pour me coiffer dans ma future demeure.

« - Titania ! Arrêtez de rêvasser ! »

Prise en faute, je sursautai, avant de chercher Mère Louise du regard. Elle me fixait, agacée. J'acquiesçai silencieusement, terminant de fixer mon chignon avec les épingles. Eglantine me lança un regard désolé, mais je lui souris pour la rassurer. Cela la désespérait de me voir me perdre sans cesse dans mes pensées. Mais elle n'y pouvait rien faire. Moi-même, à vrai dire, je ne pouvais arrêter de rêvasser continuellement. C'était une partie importante de moi.

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Dans la grande pièce où nous brodions, la chaleur était étouffante. Mais il faisait encore plus chaud dehors, alors nous ne pouvions ouvrir les fenêtres pour faire entrer de l'air. Lâchant mon canevas, je m'essuyai le front avant de lâcher un long soupir. Déjà qu'en temps normal, je détestais la broderie, mais dans ces conditions... Eglantine lâcha son aiguille, avant de s'éventer avec ses mains. Sa peau, habituellement pâle, était rougie par la chaleur. Elle me lança un regard, avant de murmurer :

« - Je n'en puis plus...

- Moi non plus. C'est horrible. »

Mère Louise, qui nous reprenait normalement à chaque bavardage, restait silencieuse, assise sur une chaise. Sous son lourd habit noir de sœur, elle devait avoir bien plus chaud que nous ! Elle s'éventait elle aussi avec un éventail, et je l'enviais. Nous n'avions rien pour tenter de nous rafraîchir, rien à part nos mains.

Je considérai ma broderie en soupirant. Ce n'était qu'une masse informe de couleurs variées. Rien à voir avec le paysage végétal d'Eglantine. Je soufflai en souriant :

The sound of silence (Tome 1) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant