Je fus réveillé par une personne qui me secouait avec vigueur. Je sentis un grognement vibrer dans ma gorge, et la repoussai pour enfouir mon visage sous l'oreiller. Mais elle m'arracha le coussin, et me tourna sur le dos pour grimper à califourchon sur moi. Agacé, je fis l'effort d'ouvrir les yeux. Je fis face au regard angoissé de Titania, et fronçai les sourcils en l'interrogeant du regard. Elle bafouilla, l'air paniqué :
« - Léandre est venu, et... Tu dois manger avec ta famille ! »
L'anniversaire de mon frère ! J'avais totalement oublié ! Aussitôt, je la poussai pour me lever, et enfilai rapidement ma chemise pour me précipiter dans la garde-robe. Elle me suivit, affolée, et ne me lâcha pas du regard pendant que je m'habillais, restant sagement dans un coin de la pièce. Je passai une de mes anciennes tenues, richement brodée mais inconfortable, et alors que je retournai brusquement pour sortir de la pièce, elle se posta devant moi. Je m'arrêtai immédiatement, lui lançant un regard énervé. J'étais déjà en retard !
Mais elle m'ignora pour reboutonner ma veste de façon correcte, et arrangea mes cheveux pour que je n'aie pas l'air de sortir du lit, ce qui était la vérité. Je lus dans son regard des angoisses infinies, alors pris mon visage entre mes mains pour bredouiller, tout énervement dissipé :
« - T-tout ira bien.
- Je sais, mais... »
Elle eut un regard rapide pour la fenêtre. Il pleuvait, et alors ? Je plissai le front, ne comprenant pas. Elle reporta son attention sur moi, et m'adressa un sourire crispé :
« - Rien. Sois courageux. Et n'oublie pas que je t'aime. »
Je roulai comiquement des yeux, lui arrachant un rictus. Comment pouvais-je l'oublier un seul instant ? Elle était devenue une partie de moi. Je l'embrassai rapidement, mais passionnément, puis la lâchai pour sortir de nos appartements isolés. En passant dans la salle du trône, je me préparais d'avance à toutes les remontrances que j'allais forcément recevoir.
Lorsque j'arrivai devant la salle à manger des appartements de mon frère, je vis un garde m'annoncer. La grande porte s'ouvrit, et je pénétrai dans la salle. Mon père, ma mère, Louis mon frère, son oncle et sa femme étaient déjà présents. Je vis Louis avoir une moue méprisante, mais l'ignorai pour m'incliner devant les femmes. Puis je m'assis en face d'Edmond, mon oncle. Je me retins à grande peine de lui lancer un regard haineux. C'était à cause de lui que je ne pouvais vivre pleinement mon amour avec Titania, et à cause de lui qu'elle était obligée de demeurer cloîtrée dans nos appartements.
Je vis les lèvres de ma mère bouger, tandis qu'elle fixait la fenêtre d'un air neutre :
« - Un orage s'annonce... »
Cette phrase éveilla en moi un malaise dont je ne connaissais pas l'origine. Mon père répliqua, mais je ne saisis pas ses paroles, car il était trop tourné. La femme de mon oncle haussa les épaules :
« - J'espère que cela ne réveillera pas Armand. »
Leur fils. Il était né il y avait deux ans, et je ne pouvais le supporter. Il ressemblait à mon oncle. Soudain, Louis attira mon attention en me donnant un discret coup de pied sous la table. Agacé, je me tournai vers lui. Il avait un air moqueur sur le visage :
« - Alors ? Tu as oublié mon anniversaire ? »
J'aurais voulu répondre « oui », et lui clouer le bec, mais pensais à Titania. Elle n'aurait pas voulu me voir si méchant. Alors je secouai silencieusement la tête. Mon frère n'avait jamais dû m'entendre parler...
S'ensuivit ensuite une longue et ennuyante discussion sur ce qu'apportait un an de plus à l'expérience et la maturité de mon frère. Âgé de seulement deux ans de moins que moi, il se prenait néanmoins pour le centre du monde, comme si c'était lui le prince héritier. Il était également un abominable coureur de jupons, sans scrupule aucun avec les femmes. Tout en mangeant, j'observais les lèvres des convives bouger, saisissant des bribes de conversation. Mais aucun ne parlait aussi bien que Titania.
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The sound of silence (Tome 1) ✅
Historical Fiction« - Voici Titania. Elle sera la personne idéale pour votre requête. » Une requête ? Mon cœur se remit à tambouriner dans ma poitrine sous le coup de l'angoisse. Qu'attendait-on de moi ? Le vieil homme s'avança vers moi, avant de m'intimer d'une vo...