32. Alors tu peux m'en parler.

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Seul dans le cabinet de toilette, je me prélassais dans un bain d'eau chaude. Titania était partie rendre visite à Eglantine, dans les petits appartements que la rousse occupait avec Jean. Avant de me laisser, elle m'avait juré de faire attention. Elle avait maintes fois emprunté le chemin, alors je lui faisais maintenant confiance. Même si j'avais mis du temps à ne plus m'inquiéter à chaque fois qu'elle partait seule.

Soudain, une robe rose s'encadra dans mon champ de vision. Je relevai la tête, et reconnus Titania, qui avait un air excité sur le visage. Elle sautillait presque d'impatience. Aussitôt, je m'inquiétai. Qu'y avait-il ? Que voulait-elle ? Inconsciente de mon trouble, elle s'accroupit à côté de la baignoire en souriant pour se mettre à ma hauteur :

« - Côme ? Eglantine m'a proposé de sortir nous promener dans les jardins ! »

Sans réfléchir, je secouai la tête frénétiquement et me redressai dans le baquet. Si jamais une personne la voyait ?! Son air excité fit lentement place à une mine triste. Elle baissa la tête, mais j'eus le temps de voir ses yeux devenus humides de pleurs. Je me passai une main lasse sur le visage, et attrapai une serviette avant de me lever et de sortir de la cuve. Je m'essuyai sommairement, puis m'accroupis à ses côtés. Je pris son visage entre mes mains en soupirant, et bredouillai :

« - Si jamais... Quelqu'un... Te remarque ?

- Mais Eglantine a pensé à tout ! Si on nous interroge, elle dira qu'elle est la femme d'un garde attaché à la sécurité du prince, et je suis une de ses amies ! »

En roulant des yeux, je pris sa main gauche dans la mienne pour agiter son alliance sous son nez. Elle plissa le nez, avant de parler avec animation :

« - Alors je dirai que mon mari est aussi un garde ! Je t'en prie, Côme, j'ai besoin de sortir ! »

Elle avait de nouveau les larmes aux yeux, et je soupirai. Cela faisait plusieurs jours que je devinais chez elle un mal-être, une sorte de morosité, et je savais à présent pourquoi. Elle voulait sortir. Je me passai la main dans les cheveux en la fixant, et la vie pouffer de rire :

« - Tu te coiffes n'importe comment. Tes cheveux partent dans tous les sens ! »

Elle tendit la main pour me recoiffer en souriant, et alors qu'elle voulait reculer, je la pris par la taille pour la relever avec moi. Tout en enroulant la serviette autour de ma taille, je demandai laborieusement :

« - C'est... V-vrai ? Elle a t-tout... Prévu ?

- Oui, je te le jure ! Il ne peut rien m'arriver, et de toute façon, personne ne me connaît ! »

Elle avait raison sur ce point. Personne, à part les gardes qui surveillaient cette partie du château, nos domestiques et Léandre ne la connaissaient. Donc, normalement... Il ne pouvait rien se passer. Elle dut déceler mon changement de pensée, car un sourire excité étira ses lèvres :

« - Oh, Côme, je t'en prie, accepte ! »

Si je disais oui, elle allait passer un très bon après-midi avec son amie, et serait heureuse. Et je voulais qu'elle soit heureuse. Alors, je finis par acquiescer. Un sourire étonné se peignit sur ses lèvres, avant qu'elle ne se pende à mon cou en riant. Je la serrai contre moi, heureux de la rendre heureuse. Ça pouvait paraître stupide, mais si elle souriait, je sentais tous mes soucis s'envoler.

Elle releva le visage pour m'embrasser rapidement, puis s'écarta de moi en frappant dans ses mains :

« - Bien, je vais y aller ! Promis, je ne rentrerai pas tard, pour que personne ne me voie. »

The sound of silence (Tome 1) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant