Dans l'Institution, il me fit emprunter un couloir dont je n'avais que trop entendu parler : celui du parloir. Aussitôt, je sentis ma respiration s'accélérer tandis que ma peau devenait moite. Ainsi, c'était pour me marier qu'il m'avait convoquée ? Mais pourquoi était-il venu en personne ? D'habitude, c'était Mère Louise qui venait ! En marchant, il me fit plusieurs recommandations auxquelles je ne compris rien :
« - Evitez de faire des remarques désobligeantes sur son état. Il sait très bien lire sur les lèvres, alors retenez vos paroles. Il s'agit du... Du fils d'un riche aristocrate, alors ne le regardez pas trop longtemps dans les yeux, et adressez-vous à lui avec respect. Tenez votre langue, surtout ! »
Surprise par ce flot d'informations, je hochai la tête, devant presque courir pour rester à sa hauteur. Il bifurqua soudain à gauche, s'éloignant du parloir. Malgré moi, je laissai échapper un soupir de soulagement, qu'il n'entendit heureusement pas. Puis, il s'arrêta devant une porte, et inspira profondément avant d'entrer. Il me fit ensuite pénétrer dans la pièce, m'avertissant du regard. Je sentis ma respiration se bloquer quand je vis, debout devant la fenêtre et me tournant le dos, deux hommes. Que faisais-je là ? L'un d'eux était-il mon futur époux ? L'un d'eux se retourna, et aussitôt, l'autre fit de même. Je sentis mes joues s'empourprer devant le regard scrutateur du plus vieux, et plongeai immédiatement dans une profonde révérence. J'avais beau ne pas savoir qui ils étaient, j'étais intimidée. Pourquoi était-ce moi que l'on avait convoquée ? Je ne les connaissais pas !
Le directeur s'inclina légèrement, ce qui me surprit, puis me présenta :
« - Voici Titania. Elle sera la personne idéale pour votre requête. »
Une requête ? Mon cœur se remit à tambouriner dans ma poitrine sous le coup de l'angoisse. Qu'attendait-on de moi ? Le vieil homme s'avança vers moi, avant de m'intimer d'une voix douce :
« - Relevez-vous, Titania. »
Je m'exécutai, mais gardai les yeux modestement baissés. L'autre homme, brun et qui semblait être à peine plus âgé que moi, ne me quittait pas du regard. Je rougis encore plus tandis que l'homme en face de moi se présentait :
« - Je m'appelle Léandre, et voici Côme, dont je suis le précepteur. »
Le jeune homme s'inclina légèrement. Je balbutiai, intimidée comme jamais :
« - Enchantée, Messieurs.
- Il se trouve que j'ai fait appel à vous, car comme vous vous en apercevrez bientôt, Côme est malheureusement sourd depuis sa naissance. J'ai donc fait rechercher une jeune personne pour le distraire de ses moments de solitude. Et je n'accorde pas ma confiance aux jeunes hommes. Votre directeur m'a certifié que vous êtes la perle rare.
- Moi ? Mais... »
Je me tus aussitôt devant un regard sombre du directeur. Mais ce Léandre prit mon menton entre ses mains pour me forcer à le regarder :
« - Exprimez-vous librement, mon enfant. N'ayez crainte. »
Son regard clair m'encourageait à livrer le fond de ma pensée. Je finis donc par protester :
« - Je... Pourquoi moi ? Et pas une autre fille ? Ada est très douée pour broder, Eglantine lit comme personne, et...
- Et vous savez dessiner. Très bien, d'après ce qu'on me dit. »
Gênée de tant d'attention, je voulus répliquer que je n'étais pas si douée que cela, mais restai silencieuse, mordant ma langue pour éviter de dire des sornettes qui n'allaient sûrement pas plaire à ce précepteur. Il eut un sourire :
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The sound of silence (Tome 1) ✅
Ficción histórica« - Voici Titania. Elle sera la personne idéale pour votre requête. » Une requête ? Mon cœur se remit à tambouriner dans ma poitrine sous le coup de l'angoisse. Qu'attendait-on de moi ? Le vieil homme s'avança vers moi, avant de m'intimer d'une vo...