5. Vous ne m'en voulez pas, c'est cela ?

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J'attendais Côme, le cœur serré. Mon humeur n'était clairement pas au beau fixe, la faute à Eglantine ! Ce qu'elle avait insinué me turlupinait, et je ne savais comment réagir, que penser.

J'entendis soudain un miaulement derrière moi, et sentis aussitôt après Grisou se frotter contre moi. Ce fut comme si toutes mes pensées noires s'envolaient. Je le pris dans mes bras en souriant, avant d'embrasser son petit museau en roucoulant :

« - Comment tu vas, hein ? Mais tu es tout mignon ! »

Côme s'assit à côté de moi en souriant, ne me quittant pas du regard. Les remarques de la rousse me revinrent en mémoire, alors je rougis en détournant le regard. Je fis mine de caresser le chaton pour me donner le temps de me ressaisir. J'étais vraiment stupide de me troubler pour des choses comme cela.

Je sentis le brun s'agiter, alors me tournai vers lui en fronçant les sourcils. Il sortit un papier de sa poche, avant de prendre le fusain qui était devant moi. Il écrivit rapidement.

Tout va bien ? Vous avez l'air soucieuse...

Je sentis mon visage devenir brûlant. Je secouai la tête en tentant de protester :

« - Oui, je... Ça va, je suis juste... Il fait chaud. Trop chaud. »

Il acquiesça, le front barré d'un pli soucieux. Il était mignon de s'inquiéter ainsi pour moi. Je lui souris pour le rassurer. Il se dérida un peu, et un miaulement aigu me rappeler la présence du chaton sur mes genoux. Je le pris dans mes mains pour embrasser sa tête grise en soupirant :

« - Comme j'aimerais avoir un chaton... »

Côme eut une moue ennuyée, avant d'écrire.

Je suis navré. Peut-être pourrais-je essayer d'intervenir auprès du directeur ?

Sa proposition me toucha au cœur. Jamais personne n'avait rien fait pour moi. Je restai figée, à le regarder stupidement. Puis, je secouai la tête en protestant :

« - Oh non, non ! Surtout pas, je ne veux pas être mieux traitée que les autres pensionnaires, et... Je haussai les épaules. Je ne le mérite pas. »

Ce fut à lui de protester en secouant la tête.

Ne dîtes pas cela. Vous êtes une bonne personne.

Cela m'amusait de le voir couvrir les petits bouts de papier de son écriture petite et nerveuse. Je cachai mon sourire dans la fourrure de Grisou, ne répliquant pas. C'était agréable de lire des compliments. Il me lança un regard en coin, avant de griffonner.

Parlez-moi de votre journée. Celle d'aujourd'hui, ou celle d'hier.

Je mordis ma lèvre, ne sachant que dire. Je n'avais rien fait d'extraordinaire après tout. J'avais juste brodé sous la chaleur étouffante, et... Oh si ! Je m'exclamai, excitée, avant de baisser la voix :

« - J'ai lu un livre passionnant, sur... Je ne me souviens plus du titre, parce que c'est Eglantine qui me l'a prêté, même si nous n'avons pas le droit, et... »

Je m'arrêtai, avant de le considérer d'un œil affolé :

« - Vous ne direz rien, hein ? »

Il secoua la tête en souriant, avant de m'encourager d'un signe du menton. Je repris donc :

« - Le livre parlait des enfants... Comment dire... « Imparfaits » des rois et reines, de tous pays ! Il y avait par exemple une princesse avec une sévère malformation de la hanche, un prince fou devenu roi, et j'ai appris que dans notre pays, l'un des fils du roi et de la reine était sourd ! »

The sound of silence (Tome 1) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant