Chaque Homme passe sa vie à monter les marches d'une échelle éternelle vers l'estime, la gloire et le succès. Quelques chanceux arrivent à gravir un bon nombre d'échelons et gagnent une bonne place dans cette société de chiens bavant sur le luxe et l'argent. Et d'autres montent quelques marches pour tomber le long de l'échelle et se retrouver le cul au sol. Mais personne n'arrive au sommet.
Kayden est l'Homme le plus proche de la fin de l'échelle.
Il semble fouiller mon esprit de ses yeux brillants, attendant une réponse dans mon silence exagéré. J'enfuie mes mains dans les manches de mon sweat et les passe derrière ma nuque. Le regarder avec autant d'indifférence saupoudre un peu de pouvoir sur moi, qui suis une femme aussi dépourvue de pouvoir qu'un plat d'hôpital est dépourvu de sel.
- Et comment on va s'y prendre ?
Ses lèvres, qui ne sourient que lors des rares occasions comme la fin d'une bataille gagnante, s'étirent en un rictus fier quand il se penche pour que son regard m'englobe maintenant en entier, me piégeant dans une boule bleue, où je suis enfermée avec tout mon consentement. Qui voudrait partir alors que le sourire faisant plisser ses yeux le rend encore plus désirable qu'il ne l'est déjà ?
- Rien de difficile, me répond-il.
Son langage corporel est si précis qu'il pourrait servir de manuel d'exemples à un joueur de poker professionnel.
Tendu comme la corde d'un arc, dur comme le fer de nos armes et impénétrable comme les murs de nos tours. Si un aveugle pouvait lire un livre de mathématiques ordinaire, je pourrais lire dans ce regard et ces pensées.
- Alors, reprend-il. ...
***
Point de vue de Kayden
Un regard circulaire visant chaque personne présente dans la pièce est le seul signe que je lance pour les informer de la fin de la réunion, qui n'a pas duré plus d'une demi-heure. Cette réunion d'urgence, aussi fausse que le cul de notre cuisinière, ne sert qu'à activer la dernière flamme de notre dernier plan, aussi critique qu'une chirurgie cérébrale. Soit ça réussi, soit je suis dans la merde.
Face à ces gens, je ressens le pouvoir de Salomon durant son jugement dernier. Toutes les informations que j'avais récoltées étaient jetées un peu partout dans mon esprit, aussi désordonnées et perdues que l'esprit d'un tueur avant d'être condamné à mort.
Chaque personne ayant assisté aux anciennes informations que Moord a reçues, et qui porte donc l'étiquette Danger « Traître potentiel » en plein milieu de son front, est présente dans la pièce.
Le chef des attaques. Un homme extrêmement talentueux et stratège, surnommé le Renard de Bravery, avec qui j'entretiens le plus de discussions professionnelles, et le moins de conversations privées. Le voir ne me fait ni chaud ni froid, et son absence me garderait aussi indifférent que je le suis d'habitude. Je me surprends à espérer qu'il soit le traître que je recherche, ça serait la découverte qui me ferait le moins de mal.
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Bravery
Science Fiction2160. Tuer est une habitude, torturer un loisir quotidien. L'Homme n'est plus humain, la compassion est noyée dans les cendres des guerres qui font rage. Bravery, un des territoires les plus puissants au monde, n'a qu'un but: Massacrer pour ga...