Point de vue de Hazar
- Entrez…
Sa voix rauque me donne des frissons. J’ouvre la porte avec confiance, et entre dans le bureau du leader qui semble absorbé par un livre dont la couverture ne me dit rien. Je ne suis pas une amoureuse des livres, mieux vaut vivre l’action que de regarder des gens la vivre alors que je suis allongée dans mon canapé.
J’approche alors qu’il ne m’accorde aucun regard, plongé dans son livre. Je ne suis pas surprise, même quand il est de bonne humeur, il ne m’accorde pas plus d’importance que maintenant. Je m’assois et le fixe en silence, attendant que sa méditation dans le monde des mots sans importance se termine.
- Quoi ? Dit-il en remarquant mon regard.
- Quoi ? Reprené-je. Je n’ai rien dit.
Kayden me regarde, fronçant légèrement les sourcils sans pour autant montrer une certaine colère, ou un dérangement quelconque.
- « Ecoute une femme quand elle te regarde, pas quand elle te parle »…
- … Hein ?
Il me regarde, s’attendant à ma réponse.
- Khalil Gibran, cite-t-il.
- C’est un nom chelou, craché-je.
Il sourit, calme après sa séance de lecture.
- Peut-être, mais de beaux mots…
Il se lève et contourne son bureau pour poser le livre épais sur mes genoux.
- Tu devrais le lire, dit-il en recommençant à marcher dans son propre bureau.
Un rapide coup d’œil au livre me montre qu'il date d’il y a au moins deux cent ans. Quoique, ça ne me surprend pas. Le livre le plus récent du monde date d’au moins quarante ans. Heureusement que ces trucs ne se font plus de nos jours, complètement inutiles.
- C’est un arabe ? lâché-je en regardant le livre de plus près.
- Libanais, corrige-t-il.
- C’est la même chose.
Le jeune homme me regarde alors.
- Tu es Moordienne, dit-il soudainement, me faisant lâcher un souffle de mécontentement.
- J’ai des ORIGINES Moordiennes.
- « C’est la même chose », dit-il en faisant allusion à mes dernières paroles.
Je ne réponds pas en levant les yeux au ciel, évitant d’admettre que je gagne de moins en moins d’arguments contre cet enculé.
- À l’époque de ce livre ils ne faisaient que se taper dessus, non ?
- Si… mais il y avait des gens qui écrivaient.
- Je préfère encore frapper des gens…
- Je n’en doute pas, se moque-t-il.
Je le fixe en me levant de mon siège. Il me regarde l'approcher sans broncher.
- Tu fais partie des gens qui se battent en ce moment. Dans quelques années, on parlera de toi de la même façon.
Kayden me regarde alors et finit par passer une main sur sa barbe de quelques jours.

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Bravery
Science Fiction2160. Tuer est une habitude, torturer un loisir quotidien. L'Homme n'est plus humain, la compassion est noyée dans les cendres des guerres qui font rage. Bravery, un des territoires les plus puissants au monde, n'a qu'un but: Massacrer pour ga...