Le sang nous encercle, arnaquant ma vue et mes cellules grises pour me faire croire que j'ai perdu la perception de toutes les couleurs, sauf le rouge. Le noir et le rouge. Les décors typiques des films d'horreur qui nous offrent une nuit blanche. Le taureau noir et la cape rouge du matador qui nous donne une peur bleu à risquer sa vie pour rien.
Nous, nous frôlons le danger chaque jour. Non, nous ne le frôlons pas, nous l'enlaçons, l'embrassons pour s'envoler dans une valse éternelle sur une musique harmonieuse de terreur et d'adrénaline. Pas pour gagner les rires et les cris virils de quelques spectateurs, mais parce que c'est une histoire de menace. Soit nous jouons avec ce démon rouge et noir appelé Danger, soit nous jouons avec un autre démon beaucoup plus imposant : La mort.
- Bravo, souffle Kayden en laissant tomber ses armes au sol.
Il recule de quelques pas en marchant entre les cadavres aussi naturellement que s'il marchait dans un champ de fleurs et qu'il évitait de piétiner les jolies tulipes. Les cadavres l'entourent, sales et sombres, noyés dans leur propre sang. Il se tient au milieu, droit dans toute sa splendeur malgré les tâches de sang qui lui collent à la peau et la fatigue qui mange son organisme comme une armée d'insectes s'attaquant à une carcasse de chat mort.
Je relâche les armes enfin, en m'assurant qu'aucun attaquant ne respire. Moord s'est trop fié à son élément de surprise. Ils ont envoyé quelques-uns des hommes les moins expérimentés, laissant les plus costauds pour la bataille qu'on a malheureusement perdue.
- Tu es blessée ? Demande-t-il.
Il avance pour se tenir près de moi. D'habitude, la proximité d'un tel homme aurait procuré de la chaleur, des frissons, des autres trucs plus explicites ? Mais lui ne me fait passer que la froideur. Rien en lui ne me fait réagir, tout simplement car il ne réagit pas. Me poster près d'un mur de pierre ne va pas me donner l'orgasme du siècle, et c'est le même cas pour Kayden. Rien.
Même quand il me demande si je suis blessée, il n'y a aucune pointe de sentiments dans ce qu'il dit. On dirait une infirmière durant la dernière heure de son service de nuit. Une question demandée juste par politesse, comme le « Comment ça va ? » de base. Tout le monde se fiche pas mal de la réponse.
- Pas profondément, et toi ? Répondé-je en jouant avec un cadavre à mes pieds, lançant de petits coups de pieds dans son gros ventre gonflé.
- Non plus, une petite blessure mais rien de grave. Je vais voir s'il y a quelque chose dans la voiture qui reste... disons... potable.
Il s'éloigne pour se diriger vers la voiture qui ressemble plus à un tas de merde qu'à un des meilleurs véhicules du monde. Profitant de son absence, je prends les cinq cadavres qu'on a difficilement réussi à tuer pour les transporter, non sans quelques haut-le-cœur, loin de la voiture. Je préfère m'asseoir tranquille en attendant d'être ramenée à la base sans avoir à supporter le regard insistant de ces stupides morts.
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Bravery
Science Fiction2160. Tuer est une habitude, torturer un loisir quotidien. L'Homme n'est plus humain, la compassion est noyée dans les cendres des guerres qui font rage. Bravery, un des territoires les plus puissants au monde, n'a qu'un but: Massacrer pour ga...