Bravery

52 - Gagner la guerre

Point de vue de Kayden

Je viens de faire le truc le plus con de toute ma vie. Et pourtant, je ne me suis jamais senti aussi bien. Décidément, on dirait que faire la guimauve c'est utile parfois...

Allongé sur le lit de ma chambre, je fixe mon plafond, un sourire idiot aux lèvres. Je passe doucement mon doigt sur celles-ci, essayant de recréer la chaleur et le bien extrême qu'ont créé les lèvres d'Hazar quand elles se sont collées aux miennes, en vain. Il n'y a qu'un seul moyen de ressentir ça...

C'est de le répéter.

Et le répéter, ça ne risque pas d'être difficile. Hazar m'appartient à présent. A moi et seulement moi. Je ne pensais pas qu'elle me plaisait à ce point. On dirait que mes sentiments restent flous, même pour moi. Mais rien que me souvenir de cet instant, où tout le monde ne comptait pas, me donne des ailes.

D'où vient cette joie ? Je ne le sais pas. Je pense qu'enfin obtenir ce que je convoitais depuis un bon moment me plait assez. Ou peut-être qu'Hazar dégage ce charme mystérieux qui m'a poussé à tout faire pour l'avoir. Je ne sais pas. Mais c'est peut-être la première fois que je n'y pense pas.

Ça fait du bien. Je ne sais pas pourquoi, et je m'en fou. Ce frisson qui me parcourt tout le corps quand j'imagine la main d'Hazar dans mon dos, sur mon torse, sur ma joue quand on s'échangeait mille et un secrets sous forme de baisers brûlants.

Mon cœur qui bat la chamade quand j'ai pu lui faire passer le message sans avoir à le dire. Oui, elle me plait. Je suis assez malin pour le comprendre. Je ne suis pas amoureux, mais elle me plait.

Et maintenant, elle m'appartient.

Je me lève en ouvrant les rideaux de mes appartements. Bravery se dresse devant mes yeux. J'ai toujours été fier d'avoir la chambre qui a la plus belle vue de toute la base. Rien que voir les habitations de mes sujets, et les champs d'exploitation agricole cachés par des tentes les protégeant de la pollution me rend heureux. Tout ça est présent grâce à moi, et à chaque employé qui aide à ce que Bravery reste un nom gravé sur nos fronts, et dans nos cœurs.

***

- Tu as tout préparé ? demandé-je en dévalant les couloirs à toute allure en arrangeant ma cravate qui me dérange au plus haut point.

Je n'ai jamais été fan des costumes aussi stricts. Mais aujourd'hui, je dois oublier tout ce qui ne concerne pas l'attaque énorme que je prépare. Tout oublier. Comment dormir, comment manger, comment être à l'aise, comment être heureux, Tout ça passe au second degré devant un objectif suprême : battre Moord.

Mais, tout oublier semble vite fait facile, jusqu'à ce que le beau visage d'Hazar apparaisse dans mon champ de vision. Habillée d'un simple jean noir et d'une chemise blanche retroussée, elle bat déjà toutes les femmes présentes dans cette salle de réunion. Et de loin.

Comment oublier sa chevelure blonde, ses yeux incandescents, son sourire en coin victorieux quand elle me voit passer la porte, sans pour autant laisser paraitre quoique ce soit après notre échange d'hier.

Elle sait tout autant que moi que ce qui s'est passé dans mon bureau reste dans mon bureau. Embrasser son assistante n'a rien de professionnel, et je ne laisserai personne parler de mon professionnalisme. Surtout pas maintenant alors que je prépare une attaque qui risque de faire trembler les murs de Moord.

Tout est finement préparé dans nos têtes, il ne reste plus qu'à tout mettre en exécution, et espérer que ce qui est dans nos têtes puisse se transformer en concret.

- Asseyez-vous, lancé-je en prenant place dans mon siège.

Tous les chefs sont présents, ainsi qu'Hazar et Jonigan. Je ne lance aucun regard à Hazar qui ne semble pas vraiment étonnée de cela. Déjà que Jonigan m'a déjà prévenu de ce qui allait arriver. Il le savait même avant moi. Ce n'est pas mon mentor pour rien. Jonigan savait qu'Hazar allait me faire succomber à son charme. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que le maitre de Bravery ne tombe pas sous le charme. Il la laisse le charmer, en prenant tout dans sa paume, tout sous contrôle, jusqu'à ce qui lui choisisse d'arrêter. Je suis maitre de la situation.