2160.
Tuer est une habitude, torturer un loisir quotidien.
L'Homme n'est plus humain, la compassion est noyée dans les cendres des guerres qui font rage.
Bravery, un des territoires les plus puissants au monde, n'a qu'un but: Massacrer pour ga...
J'ai compris que le pouvoir transforme le cœur de l'homme, étouffe le bruit de la conscience, couvre les oreilles. C'est un fléau, une malédiction. J'ai compris que le pouvoir est le voleur qui s'empare de l'innocence et transforme chaque personne en ton ennemi. En même temps, c'est une fausse lumière, qui encourage l'homme à tendre ses mains loin sans pouvoir la frôler de ses doigts. C'est un genre d'ivresse. Et, c'est un chemin sans retour, un profond précipice, un hiver qui te traine vers une catastrophe. Je suis Kayden. Depuis le jour où j'ai reçu le titre de leader, une tempête de neige rage dans mes entrailles...
- Je n'ai rien vu monsieur, répond l'homme qui se crispe en essuyant la sueur qui se promène sur son visage.
- Tu es sûr ? Jeffrey je compte sur toi là...
- J'en suis certain monsieur.
Un souffle de rage s'échappe de mes poumons. D'un mouvement lent, je le laisse partir. Il n'hésite pas une seconde et pars avec de longues enjambées, faisant balancer ses bras tremblotants de part et d'autre de son corps frêle de responsable de surveillance.
C'est la neuvième personne que j'interroge aujourd'hui et qui me répond par la négation. « Je n'ai rien vu monsieur », « Je ne sais rien monsieur », « Je ne pense pas vous être utile monsieur », « Je ne vois pas ce que vous voulez dire monsieur ». Ça commence à franchement m'énerver.
Plus les minutes passent, plus le traitre se promène tranquillement dans ma base, et plus les poux se multiplient sur la tête de Bravery. Chaque seconde me coute cher, je dois trouver cet ennemi avant qu'il ne soit trop tard.
- Monsieur Blakemore ?
Je me retourne pour me retrouver face à un homme au visage si maigre qu'on dirait qu'il sort d'une famine, et si pale qu'on dirait que cette famine l'a tué.
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Je frotte mes yeux qui n'ont pas trouvé le répit depuis deux jours et lui donne le feu vert pour parler.
- Jonigan m'a demandé de vous dire que votre père peut vous recevoir dans son bureau.
Ce mot de quatre lettres me frustre plus que nécessaire. Je hoche la tête et lui demande de partir d'un autre mouvement de bras plus rapide et agacé. Je dois voir mon père le plus rapidement possible. Une discussion assez longue nous attend...
Je me souviens de l'accident d'il y a deux jours. Du regard chaud bouillant d'Hazar qui s'échappe de ses yeux entrouverts. Du haut de son corps presque dénudé, de son tatouage provoquant et de sa cicatrice...
« Et cette cicatrice ? » lui avais-je demandé en la regardant de haut. Elle avait mordu sa lèvre inférieure en regardant ailleurs. Puis, rapidement et furtivement, elle avait ramené son regard vers moi pour me raconter d'une voix fière :
« Ton père m'a pris pour un espion de Moord. Cette blessure est la preuve de mon séjour dans la salle de torture. »
Mon sang bouillonne quand je me souviens de ces quelques mots qu'elle a prononcés d'une manière si sincère et puissante qu'elle m'a laissé muet pour quelques secondes. Une fillette de douze ans, coincée dans une salle pleine de crasse, a dû subir une douleur qu'un homme n'aurait pas pu supporter.