Chapitre 3

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Octobre 2015

C'est dans la cour familiale, d'une force qu'elle ne connaissait pas d'elle qu'Anca se tint face à son grand-père afin de confronter. Elle se posa à genoux devant lui sans se montrer intimidée par l'attitude aigrie de celui-ci.

« Backary ! S'écria-t-il pour appeler un de ses fils à ses côtés, qui était un des oncles paternels d'Anca.

- Oui papa », lui répondit l'oncle. Le vieux pointa sa canne en direction d'Anca qui restait toujours à genoux. Il regarda sa petite-fille comme si celle-ci était porteuse d'une maladie incurable. 

« Dis-moi exactement, comment et pourquoi cette folle est de retour dans ma maison ? Demanda-t-il tout en parlant d'Anca avec un grand mépris.

- Le vieux ! S'exclama Anca qui prit d'elle-même la parole pour s'adresser au chef de famille. Cette folle, comme tu me décris, est celle que tu as vendu à un homme mauvais, qui a abusé de moi, qui m'a frappé tous les jours, mais toi qui est mon grand-père, tu es resté silencieux, et tu as accepté cela, lui dit Anca qui ne se montrait aucunement intimidée par la sévérité du vieux.

- Anca ! », gronda son oncle Backary tout en lui faisant signe et lui ordonnant de s'arrêter de parler. Mais Anca ne lui prêta aucune attention et continua à dire ses quatre vérités à son grand-père, le vieux qui l'avait profondément déçue et blessée.

« Cette folle, est sur ta responsabilité, accepte la et laisse la retourner chez son grand-père. Son mari l'a chassé de sa propre maison tout en lui retirant sa fille », lui répondit Anca émue. Exténuée de tout ce sort qu'elle subissait, elle se frappa la poitrine avec son poing. Toute la famille dans la cour resta sans voix et choquée par cette jeune femme qui retenait au mieux qu'elle le pouvait ses larmes qui menaçaient à tout moment de couler.

« Anca pardon, faut partir, l'implora son oncle Backary qui s'approcha d'elle. Là où il est le vieux il va te frapper, ma fille, ne sois pas blessée hein ?

- Quel grand-père peut chasser son sang, sa famille dehors ? S'écria Anca en devenant folle de rage. Mais faut me dire vieux père, ce que j'ai fait de mal ? Je voulais te rendre fier, j'ai travaillé, j'ai écorché mes mains pour que tu aies de l'argent. Mais avec toi en retour, je gagne seulement en récompense ton mépris. Je n'ai rien demandé en retour ne serait-ce de la gratitude de ta part. Tu sais quoi, ce n'est pas grave, je ne tiens pas rancune, dit-elle remarquant le regard sévère de son grand-père qui ne lui répondit à aucun moment et gardait sa canne dans sa main pointée sur le sol. Grand-père, je te demande pardon si je t'ai déçu. C'est ce que j'avais à dire. Je te demande pardon d'être née en tant que femme et non comme un homme pour pouvoir te rendre fier ».
Sur ses derniers mots Anca se leva et se fit escorter à la sortie par son oncle qui lui referma le portail de la cour familiale derrière elle. Elle se retourna et remarqua que tout le voisinage posait leurs yeux sur elle. Ils la regardèrent tout comme une personne qui était atteinte de démences et commençait à frôler une certaine folie, "la folle du quartier".

« Je ne suis pas folle, je ne suis pas encore folle, donc ne me regardez pas ! », s'écria Anca tout comme une folle hystérique.

....

Un peu plus tard, Anca se retourna chez sa nouvelle amie Aby. 
Dans le salon, elle consacra sa soirée à rire ainsi que discuter avec sa cousine Malika ainsi qu'Aby. Celle-ci riait étrangement avec joie face aux regards inquiets de ses deux amies. C'est avec malaise que ces deux femmes observèrent Anca continuer à rire tout comme une folle. Elles avaient pertinemment conscience de la frustration de la jeune femme depuis son retour de la cour familiale.

« Donc, comme ça, ton surnom la lionne ce n'était pas une blague ? Demanda Aby qui suivit les rires d'Anca qui avait du mal à s'arrêter.

- Pourquoi, on m'a appelé comme ça ? Leur demanda-t-elle.

AncaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant