Chapitre 1

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Me réveiller le matin a toujours été très dur. Cette sensation d'échapper au bien être et de l'innocence de son inconscient est terrible, j'aimerais, comme tout le monde, rester dans mon lit à me tourner et retourner en prenant dans mes frêles bras ma couette en me répétant qu'elle est ma meilleure amie. Des fourmillements animent mes pieds chauds lorsqu'il rentrent en contact avec le sol froid du matin. 

Aujourd'hui j'ai cours, comme presque tous les étudiants du pays, et je ne pense pas être la seule à avoir cette habitude de râler, cela fait six mois que les vacances d'été sont passées et que je suis rentrée à l'université. L'été et me réveiller tard me manque, ne rien faire de mes journées, aller à la plage avec ma soeur et lire un bon livre sans me soucier de mes examens me manque. Sortir avec mes anciens amis me manque.

Toujours assise sur mon lit pour me réveiller tranquillement, je regarde la fenêtre face à moi et ces deux petits oiseaux dormant dans leur nid, pourquoi je ne suis pas un oiseau je pourrais encore dormir ! Oui je suis ce genre de personne qui ne ferme pas ses volets avant de dormir, j'ai la flemme de le faire, tout simplement, et cela me permet de me réveiller naturellement au moins. Je décide de me lever et de quitter ma petite chambre grise pour descendre déjeuner en tête à tête avec mon chien. 

Après avoir déguster mes habituelles tartines de Nutella dans ma cuisine dans le plus grand des calmes, satisfaisant par le même instant mon caractère peu bavard du matin, je repars dans ma chambre les yeux toujours à moitié réveillés. Ces escaliers en pierre de ma maison sont mes pires ennemis le matin, 17 marches exactement, qui m'épuisent et me fatigue dès le matin. En arrivant dans ma chambre, je m'habille simplement, pour éviter d'attiser la curiosité du monde bien trop indiscret. Je n'ai jamais aimé les extravagances. Je suis une personne qui n'aime ni quand il y a trop de le monde,  ni les choses superficielles. Je regarde mon reflet dans le miroir, mes longs cheveux blonds naturellement lissés encadrent mon teint blanc comme neige, je souligne mon regard gris-vert avec un peu de maquillage. Je prends ma veste en cuir sur le fauteuil à bascule près de ma fenêtre et l'enfile au dessus de mon pull beige. Satisfaite, je redescends encore une fois ces maudits escaliers et enfile mes bottines noires avant de sortir de chez moi. 

Le vent froid de février caresse mes joues et refroidis mes jambes en se glissant dans les trous de mon jean. Je descends les quelques marches qui glissent sur mon jardin, enfonce mes écouteurs dans les oreilles et commence à marcher jusqu'à mon arrêt de bus. J'observe le lever de soleil jaune, les passants qui sont aussi peu réveillés que moi, j'observe ce quotidien presque mélodramatique. 

En arrivant devant le bus, je souffle longuement, il est là, encore avec ses amis, en train de m'observer, j'ai à chaque fois l'impression qu'il mémorise chaque parcelles mon visage par cœur, comme s'il désirait quelque chose de moi. C'est étrange, il est étrange et il me fait peur. Tous les matins, tous les jours, je le vois, jamais une absence, jamais d'exceptions. Il me regarde mais je ne le connais pas et il ne semble jamais gêné par cette situation, comme s'il me suivait. Jamais il est venu me parler et jamais je n'irais le voir, chaque jour je me réveille et prie pour qu'il tombe malade ou que simplement il rate une journée de cours, comme un étudiant lambda, je pourrais au moins rester seule sans avoir la sensation que l'on m'observe intensément. 

Je passe le trajet à observer les rues, les passants, les chiens trainants leurs maîtres, des écoliers heureux de retourner à l'école, j'observe l'innocence et ce bonheur que les gens respirent naïvement. Le bus s'arrête, tout le monde descends, cette cohue m'oppresse alors j'attends, je descends la dernière, je salue le chauffeur et me dirige vers les marches du bâtiment en pierre de taille en face de moi. J'ai toujours été émerveillé par ce genre d'architecture, les pierres blanches qui habillent les murs, ce tendre beige qui rappelle les vieux châteaux anglais du XIIIème siècle. 

Lorsque j'arrive à la fac, je râle pour la centième fois de la journée, oui, je suis une râleuse, mais on a philosophie sur l'art. Je slalome dans les couloirs et évite le plus possible de bousculer les sacs, les cafés du matin, les amoureux se faisant un lavage buccale à 8h du matin, beurk. Les casiers multicolores bordent les couloirs et les étudiants également, attendant devant leur salle, avec des têtes de zombies shootées au café ou je ne sais quoi. Lorsque j'arrive enfin devant ma salle, Ariane m'attend avec un grand sourire, elle me salue puis nous commençons à parler de notre futur suicide collectif plus communément appelé oral de philosophie.

- T'as révisé ? Me demande-t-elle.

- Normal quoi, mais je m'attends à rien, et puis il n'est pas très important cet examen. Mais toi, je parie que tu as révisé comme une folle. Nuits et jours depuis trois semaines, à non pas la nuit pardon tu regardes ta série pour ado en manque de sensations fortes avec des monstres ou je sais plus quoi.

- Ah tu peux pas comprendre, une fois que tu commences cette série tu ne peux pas t'arrêter, mais c'est vrai Mademoiselle Lambert, elle, préfère dessiner des choses mélancoliques. Et puis ne change pas de sujet, tu sais Eva, si tu ne mets pas de la bonne volonté, tu n'y arriveras pas. Et tu finiras chez moi dans 40 ans, au chômage et tu me diras : Oh tu sais Ariane j'aurais dû t'écouter et réviser plus cet oral inutile et stupide de ce vieillard ! Elle me dit sa dernière phrase avec un air pire que théâtrale, met le dos de sa main sur son front puis pousse un long soupir. 

C'est à ce moment que ce vieux rustre de professeur décide d'arriver, nous rions tandis que le professeur jette des regards noirs à mon amie qui retiens son rire. Marion vient nous rejoindre en courant, encore en retard, elle nous raconte que ses parents se sont encore disputés. J'ai de la chance d'avoir des parents qui ne se dispute pas aussi souvent. Quelques fois elle m'appelle parce qu'elle en a trop gros que le cœur et a besoin de parler. Nous restons des heures au téléphone, elle pleurant et moi essayant tant bien que mal de trouver les mots justes pour lui faire oublier que les deux personnes qu'elle aime le plus au monde ne se supporte plus. Nous rentrons dans la salle et je me place sur une des tables au fond de la classe, pour passer la dernière à cet affreux oral de philosophie. Je sors mes affaires, ainsi qu'un carnet où je commence à griffonner quelques lignes qui deviendront un dessin en attendant d'entendre mon nom. 


Les cours ne passèrent pas à la vitesse dont j'espérais. Je sors avec Ariane et Marion puis nous sommes toutes les trois rejoint par quelques amis pour aller manger. A l'heure du déjeuner, il est là, quelques tables de moi, parfois je me demande pourquoi il est toujours là où je me trouve et ça me fait peur, je tremble à l'idée qu'il puisse me faire quelque chose de mal, et puis je redescends sur Terre et me dis que c'est peut-être juste le hasard, qu'il a juste un emploi du temps similaire au mien, voilà pourquoi il est tout le temps près de moi. C'est peut être aussi simple que ça. 

La journée s'est passée comme d'habitude, longue et ennuyeuse, la routine quoi. J'ai dessiné pendant tous les cours des créatures sorties de mon imagination, la plupart effrayantes et d'autres qui n'ont aucun sens précis, avec des dents pointus ou des griffes plus longues les unes que les autres, parfois avec un oeil en moins, d'autres avec deux grandes ailes noires. Mais sur chaque dessin apparaît une marque reliant deux créatures qui ne sont pas similaires, je le fait sans réfléchir je sais juste qu'elle à besoin d'être présente pour bien représenter ce que je dessine. 

Je rentre chez moi vers 18h, je fais le chemin inverse de celui du matin, je prends le bus, le garçon est toujours là mais je n'y fais pas attention, je prends la décision que ce mec ne me ferais plus peur et qu'il ne me veut rien de mal. En arrivant à la maison je décide de manger et de traîner un peu. Ma maison n'est pas vraiment immense, ma famille vient de la classe moyenne, nous vivons sans superflus, ma sœur et moi n'avons jamais manqué de rien, pas de surplus, pas de manque, le nécessaire d'une vie quoi. Mes parents ont toujours été là pour nous, notre enfance à était heureuse, nous vivions comme des petites princesses, malgré les absences répétées de notre père, qui homme d'affaire à des obligations dans d'autres pays.

Je décide après une bonne heure à n'avoir rien fait ou plutôt traîner sur mon téléphone de commencer à travailler, je suis un peu paresseuse mais il faut garder ma moyenne pour avoir mon examen. Je m'assois à mon bureau, sors mes livres puis écris. Après plusieurs lignes écrite machinalement sur une rédaction d'histoire architecturale d'Allemagne, je me rends compte de quelque chose. 

Les Secrets de ma Lune (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant