Nobody's Better

#11

Et c'est cette manie qui, malgré moi, me donne étrangement envie d'en savoir plus sur lui...

Quelques heures plus tard, on était en milieu d'après-midi. J'allais remettre la lettre à Moore demain, en espérant qu'il accepte de me retirer des cours de pop. Les arguments de Chris m'avaient convaincu et me laissaient plutôt optimiste. C'était le cas de le dire, la lettre était parfaite.

D'un autre côté, Bryson m'empêchait de profiter pleinement de cette future délivrance. Il ne répondait toujours pas au téléphone et d'après Normani, il n'était pas non plus venu à l'académie l'après-midi.

Donc je partis lui rendre une petite visite, en croisant les doigts pour qu'on ne se dispute pas.

Après un trajet d'une demi-heure en bus, j'arrivai à son quartier, qui est d'ailleurs le plus riche de Détroit. Ses parents habitent ici depuis des décennies et y ont fait construire une jolie maison de trois étages, avec une magnifique vue sur le reste de la ville. Ils ont également acheté des appartements luxueux au centre-ville qu'ils louent à des étudiants, touristes et autres. L'immobilier, c'est bien ce qui fait leur richesse.

Arrivée devant sa demeure, je sonnai à la porte et attendis que l'on vienne m'ouvrir. Le souci c'est que personne ne le fit, laissant penser que la maison était vide. À vrai dire, j'aurais pu croire qu'elle était réellement vide et faire demi-tour...

Si je n'avais pas entendu sa chanson Sorry Not Sorry jouer doucement à l'intérieur...

Intriguée, je franchis la maison qui n'était heureusement pas fermée à clé. En balayant le spacieux salon du regard, je marchai doucement jusqu'à me rapprocher de cette mélodie. Elle provenait forcément du studio, qui était au deuxième étage, alors je montai les escaliers en toute discrétion pour m'y rendre.

La musique était nettement plus audible, puisque j'étais maintenant devant la porte du studio. Je mordillai ma lèvre supérieure nerveusement puis ouvris inopinément la porte.

Bryson se trouvait là, à travailler encore sur sa musique. La fatigue se ressentait tellement sur son visage qu'on aurait pu le prendre pour un zombie.

Moi - Bryson ?

Il leva doucement les yeux, me regarda avec un air moitié réveillé puis arrêta sa musique. Alors que j'avançais vers lui avec inquiétude, il me demanda avec une voix enrouée.

Bryson - Comment t'es rentrée ?

Moi - La porte n'était pas fermée à clé.

Il resta silencieux tandis que mon sentiment d'inquiétude s'intensifia. Il n'était assurément pas dans son état normal et on le voyait bien avec son manque de réaction.

Je passai ma main sur sa joue tandis que son regard affaibli se porta lentement en direction du sol.

Moi - Tu vas bien ?

Bryson - Ouais...Pourquoi ça n'irait pas ?

Moi - Parce que t'as pas l'air de m'en vouloir pour hier.

Bryson - Il s'est passé quoi hier ?

Mes yeux laissèrent place à de la stupeur. J'ignorais s'il était devenu amnésique ou s'il était juste ironique mais sa question m'avait sidéré. Il ne se souvenait même pas que j'avais oublié de venir au restaurant et c'était encore plus inquiétant.