Empires : L'émergence

Chapitre 11 : Le discours

« - Comme le disait mon prédécesseur, tout début a une fin et toute fin est le commencement d'un nouveau départ. Et c'est fou comme il avait raison. Ces paroles sont l'essence même de ce que vous êtes. Vous avez été choisis pour vivre une expérience hors du commun, hors du temps et hors de nos frontières. »

Le directeur nous faisait face avec prestance et discernement. Son discours allait bouleverser nos vies. Il était très convaincant et le stress commençait peu à peu à me gagner, après la nuit agitée que je venais de passer. Était-ce réellement la fin ? Notre départ ?

« - Et même si vous ne comprenez pas encore l'importance de votre départ, sachez que cette opportunité, aussi unique que convoitée, est à l'origine de notre création. Cette organisation vous a permis d'apprendre à survivre, pour qu'une fois dans votre univers parallèle, vous nous appreniez ce que l'on ignore. Et c'est ce que nous faisons toute notre vie non ? Apprendre. Les sciences, la médecine, l'histoire ... tout fonctionne dans ce sens. Nous cherchons sans arrêt à combler nos lacunes pour un monde meilleur. Mais existe-t-il, me diriez-vous. Vous seuls êtes capable de le savoir. »

Tous les visages étaient rivés sur le doyen, qui continuait à parler. Mais moi je ne l'écoutais plus. Mon estomac faisait le grand huit dans mon ventre et mes mains moites démontraient mon état d'anxiété. J'avais une boule d'angoisse dans la gorge.

Après les révélations sur le test, je ne pouvais enlever de ma tête les deux choix qui me faisaient face : passer ce test pour comprendre mes origines et risquer de mourir ou rester dans l'ignorance jusqu'au départ. J'étais paniquée, mon cœur s'emballant dès que mes pensées venaient se ternir d'une possible mort.

Je fermai les yeux un instant et pris de grandes inspirations pour calmer ce stress grandissant. J'avais l'impression que mon destin m'avait été enlevé, qu'on me guidait vers un avenir que je ne voulais pas. Au fond de moi, je ne voulais pas faire le test. Vivre avec ce don sans le comprendre n'était pas une grande déception.

Alors que je me rongeai les ongles pour gérer cette angoisse insupportable, je sentis une main se refermer sur la mienne, doucement. Je tournai ma tête et croisai le regard de Sofia qui devinait mon état actuel. Je lui avais tout raconté. Elle me sourit et me serra simplement la main. Je lui offris un faible sourire et me pinçai ensuite les lèvres avant de reporter mon attention sur le grand directeur.

« - Vous êtes prêts maintenant. Même si certains ont encore des doutes, je vous le redis : Vous êtes enfin prêts pour le grand saut. Je sais que cela peut vous faire peur mais ayez confiance en vous et en vos capacités. Vous en êtes tous capables, je n'en doute pas une seule seconde ! Dans deux jours commenceront les départs, par groupe. Vous serez divisés en trois journées pour vous préparer en douceur et éviter la cohue générale. Ce fut un réel plaisir de travailler avec vous ! Je vous ai appris mais vous m'avez aussi beaucoup appris ! Sur ce, je ne voudrais pas m'éterniser toute la journée alors il ne me reste plus qu'à vous dire bonne chance ! »

Tout le monde applaudit modestement mais au fond de nous, nous savions que c'était la fin. C'était le grand tournant de notre vie, et pour plusieurs raisons nous angoissions. Alors les regards étaient tristes, inquiets et légèrement excités pour certains.

Le grand directeur quitta la salle, nous laissant seuls et un grand brouhaha apparut.

« - Ouah ! ça fait tellement bizarre. »

J'acquiesçai les paroles de Sofia et un silence apparut entre nous. Nous étions dans nos pensées, réfléchissant aux conséquences de ce discours chamboulant. Que nous le voulions ou non, une nouvelle vie s'offrait à nous et nous allions la vivre. Et ce changement radical me faisait peur. Je devrais recommencer tout à zéro, dans un monde inconnu avec des personnes différentes.