Chapitre 37 : Dévoiler

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Les trois mois dans ce monde s'étaient écoulés ? Je n'en revenais pas ! Comment avais-je pu oublier ?

Je souris face à cette nouvelle plus que réjouissante. J'allais repartir ! J'avais enfin l'occasion de quitter ce monde. Mon cœur bondit dans ma poitrine, une pointe de bonheur y refaisant son apparition. J'allais les revoir.

« - Je n'y pensais plus, avouai-je tourmentée. »

L'ombre de la nuit s'accroupit en face de moi, les traits de son visage graves et je sentis des sueurs froides dégouliner le long de ma colonne vertébrale, la peur me tiraillant l'estomac.

« - Je sais que tu ne veux qu'une chose : échapper à ton destin. Mais penses-y à deux fois avant de prendre ta décision. Le peuple a besoin que tu reviennes.

- Je ne suis qu'un fardeau ici. »

Il soupira face à ma réplique, certainement agacé ou ennuyé par mon déni. Mais je n'accomplissais rien ici, je ne faisais que subir la malveillance des autres. Et pour une fois j'avais un échappatoire.

« - Aguerta ? »

Je me retournai un peu trop vivement, le vent soufflant sous mes cheveux détachés, et je regardai Enrick arriver dans ma direction, inquiet de me voir en compagnie de l'ombre de la nuit.

« - Je te laisse. Trouve un moyen de disparaître trois jours, me chuchota ce dernier. »

Sans me laisser le temps de répondre, il s'en alla sans un bruit, un soupir de soulagement s'échappant de mes lèvres tremblotantes, et je me retrouvai seule avec le soldat. J'entendis ces pas lourds s'approcher de ma personne et lorsqu'il se pointa à mon niveau, je levai les yeux vers lui.

« - Que voulait-il ? m'interrogea-t-il autoritaire. »

J'ouvris la bouche mais la refermait aussitôt, fuyant son regard. Que lui dirais-je ? La vérité ? Non certainement pas. De toute façon il ne comprendrait pas. Moi-même j'aurai eu du mal à y croire. J'avais vécu dans un autre monde que celui-ci et je devais y retourner. Je sentis ses doigts se poser sur mon bras et je relevai le visage dans sa direction, les yeux écarquillés de panique.

« - C'est trop compliqué, finis-je par dire devant son regard insistant.

- J'ai tout mon temps. »

Je soupirai, tendue et prise de vertiges. Comment lui expliquer ? Comment aborder le sujet sans qu'il ne me prenne pour une folle alliée ? Comment ?

« - Enrick, s'il-te-plaît n'insiste pas.

- Bien, comme tu voudras, déclara-t-il sèchement avant de reprendre. Alors que voulait le Roi du Nord ? »

Je bloquai ma respiration, mon teint se liquéfiant alors que je serrai les cuisses à les broyer entre elles. Je voulais oublier son sexe qui était rentré en moi, encore. Mais c'était impossible. Mes muscles, mes nerfs, mes neurones, mon corps se rappelaient. C'était comme si un simple souvenir me faisait revivre le moment.

Je me dégageai un peu brutalement de l'emprise qu'il avait sur mon poignet et croisai les bras sur ma poitrine, un frisson d'effroi me parcourant.

« - Il voulait dîner, répondis-je d'une voix blanche. »

Du coin de l'œil, je le vis descendre à ma hauteur en mettant un genou dans la neige poudreuse et il s'approcha trop près de moi.

« - Et c'est ce que vous avez fait ?

- Oui, répondis-je après plusieurs secondes. »

J'avais trop honte de lui avouer qu'il m'avait reprise de force et puis je ne voulais pas qu'il ait pitié. Je ne voulais pas qu'il s'inquiète et que son regard se teinte d'une lueur de peine à mon égard. Je ne voulais pas qu'il me voit comme je l'étais réellement : faible. Alors si je ne lui en faisais pas part, peut-être finirais-je par oublier. Et tout ceci ne deviendrait qu'un odieux cauchemar.

Empires : L'émergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant