Ses doigts fins descendaient le long de ma chevelure humide où des gouttes d'eau dégringolaient négligemment. Son corps n'était qu'à quelques millimètres du mien, la chaleur nous encerclant et se reflétant sous forme de buée sur les parois de la douche.
Je restai les yeux fermés, avec l'espoir que ce moment dure une éternité. Je sentais tout de même que Loan me fixait, m'épiait doucement entre les jets d'eau. Mais je ne bougeai pas, me concentrant sur ma respiration et son parfum captivant.
J'étais si bien, si paisible. Pourtant je ne pouvais pas m'éterniser. Nous étions attendus ailleurs. Loin d'ici. Seuls. Je finis par rouvrir les yeux délicatement avec appréhension.
« - Je vais y aller, soufflai-je en rencontrant son regard.
- Non, reste encore
un peu.
-Loan, murmurai-je douloureusement. On ne peut pas retarder le départ.
- Je m'en moque. Je veux rester avec toi, ici. »
Je lui souris avec compassion, la gorge nouée. Je désirai la même chose. Mais ces moments nous étaient durement retirés. Notre vie nous les enlevait. Je laissai de malheureuses secondes défiler où nous ne nous quittâmes pas du regard, ancrant ces moments dans notre mémoire.
Puis, prenant appui sur mes pieds, je me postai à sa hauteur, lui encerclant le visage de mes mains mouillées et l'embrassai. Je lui offris un baiser doux, délicat et amer. Ses lèvres fermes et humides me répondirent avec tendresse, me retournant l'estomac.
Il me serra fort contre lui, me coupant presque la respiration mais je n'en avais rien à faire. J'avais mal et en même temps, je me sentais bien. Son corps brûlant contre le mien, scellant nos peaux. Ses jambes élancées me collèrent contre la paroi, doucement. Puis il détacha sa bouche de la mienne pour m'observer longuement.
« - On se reverra, je te le promets. Je ferais tout, absolument tout pour t'embrasser à nouveau. »
Je sentis mes yeux s'humidifier et je me retins de pleurer.
« - Alors tiens ta promesse. »
Avant d'entrer dans la pièce attitrée il y a quelques minutes, je croisai le regard du professeur. Ses prunelles m'observaient avec intensité. Me lorgnaient de haut en bas. Comme un spécimen. Un spécimen qui lui échappait. Je sentis mon cœur s'emballer en écho, sourd. J'avais peur. Peur de ce qu'il voulait me faire. Peur du test. Peur de la mort. Peur de ce que j'aurais pu découvrir. Peur de ce que j'étais.
Avant de me tétaniser complètement, je continuai difficilement mon chemin, les jambes tremblotantes et entrai dans la petite pièce. L'odeur d'humidité flottait dans l'air accompagné d'herbes séchées. C'était désagréable et cela ne faisait qu'augmenter mon stress. Je m'avançai timidement vers la chaise en bois et m'y installai, comme convenu. Ce n'était pas confortable non plus. Rien ne me mettait à l'aise.
Non, tout me terrifiait.
J'étais morte de peur, droite comme un bâton. Je n'osais même plus bouger d'un poil, je me sentais observée. J'étais seule mais je savais qu'on me surveillait. J'étais mortifiée, attendant mon heure. La pièce assez sombre était très rustique. Je distinguais des toiles, des tissus en tout genre, du papier, des vêtements, des bols. Et surtout les pots entassés près de la fenêtre aiguillaient ma curiosité. Que pouvaient-ils contenir ?
Je me retournai doucement, comme si je brisais l'interdit afin de mieux apercevoir la vieille porte de sortie. Je déviai ensuite les yeux, le cœur battant. Je ne voulais pas rester seule mais d'un autre côté les voir ne me rassuraient pas non plus.
VOUS LISEZ
Empires : L'émergence
FantastiqueLa vie d'Agathe va basculer dans un tourbillon de révélations le jour où ses parents vont lui révéler sa véritable identité. Les mondes parallèles existent et malgré ses réticences à croire à l'irréel, elle fera le choix d'intégrer une école d'élite...