Chapitre 12 : Dérapage

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Nous t'attendons, nous t'attendons, nous t'attendons, nous t'attendons ...

Cette phrase ne cessait de quitter mon esprit, le torturant de la pire des manières. Comment était-ce possible ? Avais-je rêvé ? Non. Même si je l'aurais voulu, je savais que cette phrase n'était pas sortie de mes pensées. De mon imagination. Je l'avais entendue. Elle m'était destinée.

Et malgré tous mes efforts pour trouver une solution plausible, scientifique et rassurante, la vérité était là. Ils m'attendaient. Il n'y avait rien de pire que de se sentir piégée, comme prise à la gorge, le meurtre de ma mère revenant me hanter.

Je ne savais pas comment je l'avais entendu, ni pourquoi j'étais la réceptrice de ce message et encore moins qui l'avait dit. Et toutes ces questions angoissantes me prenaient aux tripes, me donnant envie de vomir toute cette peur et ce stress.

C'était insurmontable. Mes mains tremblaient et devenaient incontrôlables. Je voulais fuir cette chambre et me réfugier ailleurs, là où il y aurait du monde.

Mais mes pieds ne me guidaient pas, ils restaient plantés dans le sol, comme ancrés dans du béton. Mes yeux restaient fermés, effrayés et alarmés depuis plusieurs minutes. J'étais figée, paniquée à l'idée de ne pas être seule dans cette pièce et d'être attendue de l'autre côté.

Je voulais des explications tout en les craignant. J'avais peur de la réalité mais cherchais la vérité. Lorsque j'entendis quelqu'un frapper à ma porte, je sursautai et me figeai. Avais-je une nouvelle fois rêvé ce bruit ? Était-ce mon imaginaire qui me jouait des tours ?

À peine dix secondes plus tard, j'entendis à nouveau une main frapper contre ma porte et je réalisai que c'était tout ce qu'il y avait de plus réel. Ou du moins je pensais. Je me levai péniblement et marchai anxieusement vers la porte. J'entrouvris faiblement celle-ci, tremblante, et découvris Loan, le regard fermé.

Je le fis rentrer, sans plus attendre, et refermai la porte derrière lui, sentant mon cœur battre légèrement plus vite. Il se plaça au milieu de la pièce, croisant les bras avant de poser son regard sur moi.

« - Le professeur veut que tu passes le test, lâcha-t-il brusquement

Je le dévisageai, dans l'incompréhension alors que j'étais restée adossée à la porte. Mon cœur s'emballa de nouveau, prêt à sortir de ma poitrine contractée par la panique.

« - Comment le sais-tu ? le questionnai-je dans un souffle.

- Je l'ai surpris en train de grimper au sommet de la montage pour rechercher le livre. Toute l'expérience est soigneusement décrite dedans. »

Je fronçai les sourcils le sondant alors que mon esprit était saccagé d'un vent de panique. Le brun chercha quelque chose en moi, comme une réponse à sa question discrète et silencieuse. Je me contentais de soutenir son regard perçant, laissant mes réactions et mon corps à ses yeux. Même si cela ne faisait qu'augmenter un désir et une peur indomptable. J'étais un livre ouvert.

« - Je ne veux pas passer le test. »

Il ne répondit pas, laissant nos regards s'entremêler. Loan était certainement en accord avec mes dires. Nous ne pouvions prendre le risque. Je ne voulais pas mourir.

« - J'ai brûlé les livres, me révéla-t-il dans un soupir non retenu. »

J'écarquillai les yeux, ne sachant pas si je devais me sentir honorée ou horrifiée. Nous aurions pu en apprendre beaucoup plus sur O.W avec ses livres. Nos aînés avaient voulu nous cacher cette vérité, nous aurions pu l'explorer. Mais à quel prix ? Devions-nous prendre le risque de voir des personnes mourir à la découverte de ce test de sorcellerie ? Y-avait-il déjà eu des survivants ? La magie existait-elle ? Tant de questions qui finissaient brûlées comme les flammes de ces livres maintenant disparus.

Empires : L'émergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant