Chapitre 24 : Annonce dévastatrice

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Une Suprême ? L'Élue ?

C'était complètement absurde ! Je n'étais ni l'un ni l'autre. Il mentait forcément. S'il me regardait un tant soit peu comme j'étais réellement, il s'en rendrait bien compte. Je n'étais pas celle qu'ils attendaient. Je n'étais qu'une fille perdue dans un monde que je ne connaissais pas.

L'ombre de la nuit se basait strictement sur le collier que j'avais eu en ma possession. Mais cela ne prouvait rien. Absolument rien. Il se trompait. J'étais tout de même curieuse de découvrir quels secrets cachaient cette perle si précieuse ici.

Pourquoi avait-elle tant d'importance ? Quels mystères recelait-elle ?

Pourtant à cause de ce fichu bijou, on me demandait d'accepter le sort que le Roi Marcus m'avait réservée. N'avaient-ils aucune pitié pour ma personne ? Et s'il me demandait de partir en exil, d'assouvir tous ces désirs, de prendre cent coups de machette pour montrer mon assouvissement ? J'en étais incapable !

Ils me demandaient un sacrifice, mais pour qui ? Pour quoi ? Pour un peuple que je ne connaissais pas ? Pour lequel j'étais indifférente ? C'était carrément un suicide qu'ils me réclamaient ! Pour une cause que j'ignorais et qui n'était pas mienne.

Ils voulaient me priver de ma liberté.

« - Agathe ? Le Roi t'attend dans la grande salle pour l'annonce. »

Je soufflai un bon coup, prenant le peu de courage qui s'acharnait à s'enfuir de seconde en seconde. Il fallait que j'y aille.

Assise sur le lit, je relevai le regard, presque implorant, vers Enrick qui était venu me chercher. Pourquoi me demander autant ? Je n'étais pas prête et pas faite pour ce rôle de sauveuse. Je cherchais juste une vie normale mais apparemment c'était trop demander.

Encore dans mes réflexions, je n'entendis pas Enrick s'approcher furtivement de moi et ce fut lorsqu'il prit mes mains moites dans les siennes que je sursautai.

« - Tu n'as pas à t'inquiéter, je serai là pour te protéger. »

Je fronçai les sourcils à l'entente de son chuchotement, avant d'enlever brusquement mes doigts. Depuis quand voulait-il me rassurer ?

« - Je ne te fais pas confiance, déclarai-je sèchement. »

Je le vis sourire de malice, les prunelles de ses yeux éclatant de beauté. Il se passa une main dans ses cheveux blonds coiffés en queue de cheval avant de répondre.

« - Pas encore. Mais un jour tu me feras bien plus. »

J'écarquillai les yeux, outrée. Comment osait-il ? Je le repoussai avec énergie, me levant du lit. Je n'allais pas rentrer dans son jeu. Non. J'étais attendue dans la grande salle pour faire mon entrée. Une entrée qui allait être remarquée. Et angoissante pour ma part.

J'inspirai et expirai lentement pour calmer mes nerfs et me mis en marche. Je traversai les long couloirs sombres et humides du palais, Enrick et deux autres gardes sur mes talons.

J'étais à fleur de peau, paniquant au moindre bruit. Le son du métal qui frottait contre le sol, du vent qui se fracassait contre la façade, des pas, des chuchotements. Tout me faisait sursauter, des sueurs froides dégoulinant le long de mon dos.

J'étais à bout.

La peur paralysait mes muscles qui avançaient par simple réflexe. Je n'osais même pas bouger mes mains, anxieuse. J'appréhendais mon arrivée dans cette salle. J'en avais l'estomac retourné.

Je jetai un rapide coup d'œil derrière moi, frôlant l'interdit alors que je sentais mon pouls intensifier sa cadence avec puissance. Les soldats avaient le regard fermé, froid, distant. Même Enrick. J'étais réellement seule. Abandonnée à mon propre sort. J'avalais difficilement ma salive, sentant que mon heure arrivait alors qu'on bifurquait au dernier tournant.

Empires : L'émergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant