Chapitre 34 : promesse

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Les servantes avaient découvert mon piteux état avec épouvante et horreur alors que j'étais restée recroquevillée dans la pièce d'eau, ne bougeant plus. Je souffrais en silence, serrant mes cuisses tremblantes pour limiter la douleur.

« - Votre altesse, nous devons vous soigner. »

Je secouai négativement la tête. Je ne voulais plus que l'on me touche. Je voulais qu'on me laisse tranquille et qu'on éloigne leurs mains loin de moi.

« - Ne me touchez pas, grommelai-je. »

Les deux servantes me regardèrent avec pitié et tristesse alors qu'une d'entre elles m'apportait une couverture, pensant que j'avais froid. Je ne protestai pas, sentant le tissu s'abattre contre mes membres fatigués et meurtris. Au moins ne verraient-elles plus les horreurs que renvoyait mon corps.

Je me cloîtrai dans un silence profond, fixant un point imaginaire au loin. Le sol frais et soyeux refroidissait ma peau brûlante, alors qu'une migraine faisait son apparition.

J'entendis des chuchotements empressés suivis d'un long silence. Alors je fermai les yeux, essayant une nouvelle fois de trouver le sommeil. Des images d'Azgar Knows refirent immédiatement surface : lui me surplombant, me pénétrant, une lueur de désir envahissant ses prunelles obscures alors que je criais de douleur.

Je plissai les yeux pour enlever cet événement de ma mémoire, serrant la mâchoire pour contenir mes larmes. Non pas encore, non ! Une odeur de plantes me parvint alors jusqu'aux narines mais je préférai l'ignorer, tout comme le bruit d'eau qui coulait lentement. Je préférai me concentrer sur moi, sur mes visions que je voulais effacer de ma mémoire. J'allais devenir folle.

« - Aguerta, entendis-je chuchoter près de mon visage. »

Je rouvris les yeux alors qu'Enrick approchait sa main avec tendresse près que mon visage en murmurant, comme pour lui-même :

« - Qu'est-ce qu'il t'a fait ? »

Mais avant que sa peau ne touche la mienne, je me raidis et reculai instinctivement, la peur accaparant tous mes nerfs.

« - Ne me touche pas, répétai-je affolée à l'idée qu'un homme s'approche. »

Il laissa sa main en suspens, la refermant dans un poing qu'il serra à en avoir les phalanges blanches puis murmura dans un profond soupir :

« - Tu dois rentrer dans l'eau pour soigner tes plaies. »

Je secouai négativement la tête, encore et encore, jusqu'à ce que la migraine aiguë m'arrête nette, sentant de nouveau mon intestin se tortiller de douleur. J'avalai difficilement ma salive pour me contenir de vomir et fermai les yeux, ne supportant pas son regard empli de remords.

« - Aguerta, tu ne peux pas rester ainsi.

- Laissez-moi, pour une fois laissez-moi tranquille, les suppliai-je. »

Je sentis de nouveau les larmes couler le long de mes joues et je les laissai dévaler mon visage sans pudeur. J'étais à bout. Pour la première fois, et malgré tout ce que j'avais cru auparavant, je ne voyais pas comment remonter la pente. Comment me relever et affronter l'avenir. Le Roi Nordyar creusait petit à petit ma tombe et je m'y enfonçais.

« - Laissez-nous, entendis-je Enrick ordonner aux deux servantes qui se faisaient discrètes. »

Des bruits de pas suivirent son ordre puis plus rien. Qu'un long silence remplit de lourdes conséquences.

« - Ce que tu décideras de faire définira ton avenir : être une femme victime en acceptant ton sort ou une Reine impitoyable qui défie les lois. Seule toi peut décider qui tu veux être pour toi même et pour ton peuple. »

Empires : L'émergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant