Chapitre 22 : Audience

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Le bruit des tambours résonnait dans mes tympans au rythme des battements de mon cœur. Intensif et impitoyables. Les flammes orangées des flambeaux illuminaient les longs couloirs humides et frais, envoyant leurs reflets sur les murs en pierre brute. Le son du métal claquant sur le sol en dalles rustiques me rappelait la présence des soldats qui m'entouraient. Me faisant sursauter à chaque pas, comme une marche vers la mort. Vers les ténèbres.

J'en avais des poils qui se hérissaient sur mes bras. La peur me tiraillant l'estomac.

Je voyais à peine les rayons du soleil qui traversaient les vitres. J'étais tellement concentrée à avancer droit devant moi, mettant un pied devant l'autre que j'ignorais totalement les regards interrogateurs et suspicieux des personnes se trouvant sur mon chemin.

Même moi je ne savais pas ce que je faisais ici. Et encore moins ce qui m'attendait à l'autre bout du couloir où j'apercevais une porte en bois massif qui trônait sur le lieu, surplombant les deux soldats tatoués de noirs qui la gardaient. Je pris une grande inspiration, essayant de garder la tête sur les épaules. Mais l'angoisse détruisait tout raisonnement viable de mon esprit. Je ne pouvais compter que sur moi-même, ou mon subconscient.

« - Dame Agathe ! Annoncèrent les deux gardes en ouvrant les portes. »

Je retins ma respiration, une grande pièce éclairée par le soleil s'ouvrant devant moi. Le paradis ou l'enfer. C'était immense, le plafond orné d'or et de bronze ne se montrait qu'à plusieurs mètres d'un sol soyeux et brillant de mille feux. Un imposant trône régnait dans la pièce. Puissant. Dominant par sa grandeur, sa place et son architecture.

C'était la pièce centrale d'un pouvoir infaillible. Je tournai la tête vers la grande cheminée qui envoyait valser les flammes sur un homme qui me tournait le dos. Il n'y avait aucun doute. C'était lui. Le roi Marcus.

Une énorme fourrure reposait sur ces larges épaules, accompagnant son armure de guerrier. Sa main empoignait fermement son épée aiguisée et tranchante, où le feu venait danser sa lumière. Sur sa chevelure brune bouclée régissait une couronne en bronze, dominant le lieu par sa sagesse et son pouvoir suprême.

Lorsqu'il me fit face, j'aperçus une cicatrice sur sa joue droite, le rendant aussi froid et distant que ses yeux me sondaient tels des revolvers prêts à charger. Il n'avait pas l'air d'apprécier ma venue autant que moi. Je sentis mon sang ne faire qu'un tour dans mes veines, l'adrénaline parcourant chaque neurone de mon corps comme le présage d'une tempête.

Je regardai autour de moi, le regard vif et furtif. Devais-je m'abaisser ? Lui baiser la main ? Sans y réfléchir d'avantage, je baissai la tête et le buste.

« - Votre majesté, chuchotai-je. »

Je l'entendis marcher, se rapprochant de moi avec domination. Je le vis faire le tour de mon corps, me jugeant. Il cherchait quelque chose sur moi, ou en moi. Je n'en savais rien. Mais il me fixait de ses yeux noirs, m'examinant pour répondre à ses questions discrètes.

Je me concentrai sur ma respiration, la gardant aussi calme que possible alors que mon pouls s'accélérait, emmenant des sueurs froides dans mon dos.

« - Que venez-vous faire dans ma cité ? railla-t-il tellement fort que sa question se répercuta férocement dans mon esprit.

- Je viens chercher un abri, si votre majesté le permet.

- D'où venez-vous ?

- D'une contrée un peu plus au nord de Hurkles, répondis-je en me rappelant avoir passé ce village.

- Qui vous a élevé ?

- Maître Vandrof. »

Seul le nom de notre professeur d'O.W me vint à l'esprit pour répondre à son interrogatoire.

Empires : L'émergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant