Chapitre 27 : Feu glacial

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« - De quoi parles-tu ? Qu'est-ce qui est enfoui en moi ? »

J'osais à peine parler alors que ses doigts touchaient encore ma poitrine, où seul un tissu les séparaient de ma peau brûlante. Il pouvait sentir mon cœur battre avec désordre et confusion. Pourtant ce n'était pas son geste qui me désarmait mais plutôt ce sentiment de trouble face aux révélations.

« - Enrick dis-moi. J'ai besoin de savoir. »

Ses yeux ne quittaient pas sa main et lorsqu'il releva le menton, son regard dénué de sens plongea dans le mien.

« - Ta mère avait le même don. Celui de ne pas ressentir le froid. »

Je me figeai et écarquillai les yeux. Comment savait-il ? Comment était-il au courant de cette propriété qui me gâchait la vie ?

« - Comment le sais-tu ? demandai-je dans un murmure accablant. »

Un sourire naquit au creux de ses lèvres entrouvertes et il fit glisser sa main le long de ma poitrine avant de la laisser complètement retomber, me provoquant des frissons involontaires.

« - Tu es la chair de sa chair, le sang de son sang. La question ne se pose même pas.

- Mais, et le Roi Marcus ? A-t-il lui aussi cette particularité ?

- Non, ce n'est ...

- Pas mon frère ? le coupai-je subitement. »

L'espoir de ne pas avoir ce dignitaire comme famille grandissait en moi, me donnant une once de joie. Ce sanguinaire ne partageait pas le même sang que moi, nous n'étions pas apparentés. Il n'existait aucun lien entre nous, non ?

« - Si c'est bien ton frère. »

La réjouissance ne fût que de courte durée et je me sentis abattue, épuisée. Nous partagions la même chair. Cela me dégouttait.

« - Mais, reprit-il en déviant légèrement son regard vers mes lèvres, il n'a pas ce don puisque c'est un homme.

- Quel est le rapport ? »

J'étais confuse par ses révélations et lorsque je répondis, je pris conscience de parler sèchement. Mais il ne sembla pas s'en apercevoir, perdu et suspendu à ma bouche, me testant. Jusqu'où étais-je prête à aller pour mes réponses ? Certainement pas jusqu'à coucher avec lui. Cependant j'avais trop peur que les confidences s'arrêtent pour rompre le contact plus que subjectif.

« - Ta mère ne pouvait transmettre cet héritage qu'à sa fille.

- Pourquoi ? demandai-je troublée en fronçant les sourcils.

- C'est la loi de la nature. »

Je plongeai la tête entre mes mains, complètement perdue et déboussolée. J'en avais marre de ces demi-réponses. J'en avais marre de ne pas être comme les autres. Je laissais échapper un soupir, ayant peur de la suite.

« - Qu'est-ce qui n'est pas normal chez moi ? »

Je sentis ses épaisses mains robustes me prendre délicatement les poignets et délivrer mon visage. Je le regardai faire, complètement épuisée et plantai mon regard dans le sien indéchiffrable.

« - Qu'est-ce qui ne tourne pas rond ? repris-je devant son silence pesant.

- Tu n'es pas anormale. Tu es spéciale, unique. »

Je m'écartai de lui, sentant une tension palpable naître de son corps, et je retirai fermement mes mains des siennes. Une lueur de déception passa dans ses pupilles vertes avant qu'elle ne soit remplacée par des yeux rieurs. Encore un peu plus et il aurait pu m'embrasser. Il le savait. Je n'avais pas été assez vigilante.

Empires : L'émergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant