Chapitre 4 : Faire ses preuves

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« - Agathe ? »

Je ne réagis pas, le sommeil enveloppant encore tout mon corps animé d'une chaleur propice aux longs rêves. J'étais apaisée, les paupières lourdes et les pieds gonflés dans mes chaussures lassées trop forts.

« - Le soleil se lève, on doit partir. »

Légèrement secouée, j'émergeai des bras de Morphée et ouvris difficilement les yeux, ma vision floue détaillant le visage de Loan, à quelques centimètres du mien. Je distinguai sa barbe de quelques jours entourer ses joues carrées, son nez accueillant des flocons qui se transformaient en gouttes d'eau. Ses cheveux gras lui collaient au front, ses yeux riant devant mon exploration.

Je revins à la réalité après quelques secondes, retirée de force du sommeil, et je me frottai le visage pour me réveiller davantage, les courbatures émergeant les unes après les autres. Voyant qu'il ne s'éloignait pas, je grommelais quelques mots inaudibles et me positionnai sur le dos, allongeant mes jambes sur le sol inconfortable.

Tu parles d'une nuit ... C'était pire qu'à l'armée ici !

Je baillais sans gêne, mon dos réveillant quelques douleurs dont je me serais bien passée et avant de me retourner pour accueillir de nouveau les bras de Morphée, je me relevai en position assise. C'était dur.

Seules quelques braises fumaient encore légèrement au centre du feu, le blanc de la cendre s'étalant sur le sol enneigé. Les loups ne nous avaient pas attaqués. Rien n'avait bougé par rapport à la veille, mis à part Loan qui s'attelait à ranger son sac pour déguerpir. Soufflant de fatigue, je me levai entièrement et en quelques minutes nous quittâmes le camp en direction du château, en bas de la montagne.

Je m'agrippai aux branches, ancrant mes pieds dans la poudreuse afin d'avoir le plus d'accroches possibles. Mes cuisses accusaient le coup, en harmonie avec mes pieds cloqués à sang. Je n'étais pas habituée aux longues marches en forêt, et encore moins avec de la compagnie qui ne ralentissait nullement le pas. Je soufflai, épuisée et ne sachant plus sur quelle douleur musculaire m'attarder. Je voulais rentrer.

Le soleil montrait ses premiers rayons dans le ciel remplis de nuages noirs. Encore une sale journée qui s'annonçait. N'arrêtait-il jamais de neiger ici ? C'était vraiment lassant.

Râlant sur ce maudit choix qui m'avait emmenée ici, je ne fis pas attention au chemin encombré de débris boisés et mon pied glissa, attirant mon corps vers la gravité du sol. Je tentai de me rattraper à une branche mais celle-ci céda face à la violence de mon poids et je finis par atterrir les fesses à terre. Je lâchai un cri de stupeur, l'impact se propageant dans ma colonne vertébrale avant que je ne me sente glisser en contrebas, emmenant Loan dans ma chute, qui n'eut pas le temps de réagir.

Nous dévalâmes quelques mètres, mon cœur ratant plusieurs battements, et ma course fut arrêtée nette par le sac à dos de Loan. La collision fut brutale, et la douleur fut aussi vive que le craquement de mon nez. Je retins ma respiration, assise et les jambes écartées contre la musculature du dos de Loan. La plaie me lança telle une brûlure et je grimaçai de douleur, un liquide chaud se répandant contre mes lèvres.

J'apportai ma main gantée vers mon visage, mon fessier accusant l'impact de la chute, au moment où Loan se retournait en grognant de mécontentement. Je croisai son regard noir, la mâchoire serrée à quelques centimètres de la mienne, ensanglantée.

« - Tu ne peux pas regarder où tu mets les pieds ? »

Devant son agacement, je lui jetai, à mon tour, un regard noir, la douleur vacillant dans tout mon corps. Ça me lançait. J'avais mal. Je l'entendis jurer faiblement tandis qu'il retirait le sac de son dos, en fouillant à l'intérieur. Je sentis mon corps glisser davantage vers le contrebas de la montagne mais la carrure de Loan me stoppa instantanément.

Empires : L'émergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant