chapitre 25 : Impasse

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J'écarquillai les yeux, le souffle court. J'entendis mon cœur battre rageusement dans mes tympans et arrêtai subitement de respirer. Quoi ?

Je fixai, incrédule, le Roi Marcus qui continuait son discours avec sang-froid et fermeté. Comment osait-il me marier à un inconnu ? Qu'il veuille m'écarter du pouvoir était compréhensible mais m'enlever cette liberté ? Non !

Je n'allais pas me laisser faire. Je n'allais pas me donner corps et âme dans une cause inutile et étrangère. J'avais des droits ! Et le droit de choisir personnellement la personne avec qui je voulais finir ma vie en faisait partie !

En jetant un regard vers la foule attentive et étonnée, je remarquai que j'étais à cet instant le centre de l'attention de tout un peuple. Tous avaient leurs grands yeux noirs rivés sur moi, jugeant mes moindres gestes. Mes moindres réactions.

Je n'avais pas à accepter pour un peuple qui n'était pas le mien. Je détournai mon regard vers mon frère, encore sous le choc de l'annonce, et je le surpris à m'observer avec satisfaction. Fierté et réjouissance.

« - La cérémonie d'union se déroulera dans les semaines à venir. Que Dieu te bénisse, ma sœur. »

Mon regard se durcit et alors que j'entrouvrais la bouche pour décliner ce mariage avec rage, les hourras de la foule ravie me coupèrent dans mon élan, recouvrant ma faible voix. Je paniquai et cherchai de l'aide parmi les personnes présentes. Je ne voulais pas de cette cérémonie. Je ne voulais pas me marier.

Je n'étais pas de taille à affronter cet obstacle seule.

« - Personne ne viendra t'aider. »

Je sentis mes yeux s'humidifier devant mon impuissance. Le Roi avait raison. J'étais seule.

De retour dans la chambre, escortée par des gardes, je me surpris à sécher les larmes qui avaient dévalé mes joues sur le chemin. Il était encore temps de trouver une solution d'échappatoire. De m'enfuir et de retrouver une vie normale.

Oui, rien n'était encore perdu.

Je soufflai, accablée. Mais comment échapper à tout ça ? Comment ? Je marchai jusqu'à la fenêtre et observai la colline et ces passants. Personne n'était de mon côté. Je devais me débrouiller en solitaire, devant me méfier de tout le monde. Et cette idée me faisait peur. Je n'avais jamais avancé sans partenaire.

Je fermai les yeux, me collant au coin du mur en pierre. Il n'avait jamais été question que j'accepte ou non publiquement. Le Roi savait qu'en annonçant ce mariage devant son peuple, je devais l'accepter ouvertement ou refuser en rampant pour m'enfuir. Mais je ne pouvais pas décliner l'offre et prétendre au trône.

Tous le savaient. Mais personne semblait voir que je ne voulais pas de cette place en haut de l'échelle sociale. Je voulais seulement ma liberté. Et s'il fallait fuir pour l'avoir alors je m'enfuirai. Et sans plus attendre.

En entrant dans cette chambre il y a de cela deux semaines, j'avais largement eu le temps d'inspecter tous les recoins de la pièce et malheureusement pour moi, il n'y avait aucun tunnel ni porte de secours. Seulement la porte d'entrée gardée par des gardes et la fenêtre fermée à clef placée en haut de la tour. Il fallait donc que je trouve un moyen de sortir d'ici et de semer les soldats en route.

C'était ma seule solution. Et je devais profiter de l'affolement dû à l'événement de ce soir pour partir.

Je pris une grande inspiration, ne me décourageant pas, et marchai en direction de la porte. Je devais être courageuse. J'empoignais la clenche en bois avec crainte et l'ouvris, incertaine, avant de me retrouver face aux gardes. Devant leurs regards d'incompréhension et d'agacement, j'hésitai à faire demi-tour. Était-ce une bonne idée ? Non mais je n'en avais pas d'autres. Je me raclai alors la gorge et parlai d'une voix qui se voulait ferme.

Empires : L'émergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant