L'annonce du Roi avait déclenché une certaine euphorie chez le peuple. L'Empire s'était divisé entre les partisans du pour contre ceux du refus. La pagaille avait alors envahi les ruelles ainsi que les villages voisins. On y arrivait de partout pour me voir ? Oui exactement.
Et c'était flippant. Mon nom était sur toutes les lèvres. Mon visage était décrit par n'importe qui. Mes gestes étaient imités à la perfection. J'étais devenue l'objet de toutes les convoitises, qu'elles soient lumineuses ou obscures. Des complots étaient certainement déjà en train d'être préparés. Et le Roi Marcus était le premier à me défier.
« - Aguerta Worssard, vous êtes attendue dans la grande salle pour le dîner. Je suis chargé de vous y accompagner en personne. »
La voix autoritaire me sortit de mes pensées et je le suivis sans rechigner. Peut-être qu'en sortant de cette chambre, je pourrais trouver des alliés qui m'aideront. Oui, j'allais trouver. Je le devais.
Je m'aventurai dans les longs couloirs éclairés par la lune, accompagnée du soldat en question. Ce repas m'avait été informée tôt dans la matinée alors que ma seule occupation se résumait à regarder le plafond et les oiseaux voler. Autant dire, rien d'extraordinaire.
Alors ce petit changement était réjouissant dans ma morne vie. J'allais pouvoir marcher autre part que dans cette pièce -appelée chambre- qui faisait trente-cinq pas en large et vingt-huit de long.
Je plissai les plis imaginaires de ma robe, touchant la douceur d'une peau de fourrure, et me raclai la gorge pour me donner plus de convenance que la dernière fois. Je devais me montrer forte. Éliminer toute forme de faiblesse et de douleur au plus profond, les enterrant comme s'ils n'avaient jamais existé.
En mettant un pied dans cette assistance, la première chose qui me parvient fut cette odeur de viande cuite au feu de bois qui me mit l'eau à la bouche. Je sentis mon ventre se crisper de faim et je tentai tant bien que mal de cacher mes gargouillis inconfortables. La deuxième chose fut l'éclairage sobre mais traditionnel des bougies qui se reflétaient sur le sol soyeux et le plafond orné de bronze. J'étais émerveillée par les ombres qui se réfléchissaient aux quatre coins de la pièce.
La dernière chose que j'aperçus fut un silence de plomb à mon arrivée. Toute conversation se stoppa et tous les regards de rivèrent sur moi. Je sentis une tension naître en moi, comme un orage annonçant la tempête.
Super ...« - Ma sœur, quel plaisir de te voir parmi nous ! »
J'haussai un sourcil face à l'entente des paroles du Roi Marcus. Sérieusement ? Il se foutait bien de ma gueule ! Ce n'était qu'un opportuniste hypocrite et salaud ! Rien d'autre ! Certainement pas mon frère.
Ma sœur ?
Cette appellation affectueuse me cisaillait les tympans, tambourinant mes neurones jusqu'à mon cortex cérébral. Ça sonnait aussi faux que son sourire. Mon silence fût quelque peu déplacé, vu les regards insistants et choqués des personnes présentes. Mais la politesse et le respect n'étaient pas de rigueur dans un monde d'escroc.
Je serrai la mâchoire, me retenant de faire un scandale et observai les dignitaires.
L'homme qui m'avait sauvée du Roi lors de l'audience était présent, au fond de la salle, une coupe de bière en main. C'était la première fois que je le revoyais. Je l'aurais bien remercié de son intervention si je n'avais pas une petite idée sur l'idée du mariage. Deux commandants des armées de Rockfort accompagnaient le Roi, ainsi que deux diplomates. Je les avais croisés dans les couloirs lors de l'annonce. Les couleurs du royaume étaient disposées sur les habits de ces hommes robustes au regard froid.
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Empires : L'émergence
ParanormalLa vie d'Agathe va basculer dans un tourbillon de révélations le jour où ses parents vont lui révéler sa véritable identité. Les mondes parallèles existent et malgré ses réticences à croire à l'irréel, elle fera le choix d'intégrer une école d'élite...