Chapitre 17 : Rencontres inappropriées

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Ma tête me lançait, j'étais prise de nausées. J'en perdis l'équilibre et tombai sur le sol boueux et humide. Je fermai alors les yeux, la douleur accaparant toutes mes pensées. Je posai ma main sur mon front, me contenant de hurler. Je n'entendais qu'un bip incessant qui me donnait le vertige. C'était atroce. Je n'avais pas le souvenir de souffrir autant la dernière fois.

Mon pouls s'intensifia, me brûlant les veines et les artères. Je pris une grande inspiration et l'air sembla se transformer en carbone, enflammant mes poumons. C'était comme si une braise s'éveillait en moi, consumant mes organes un par un.

C'était douloureux. Insupportable.

Je me mis à gémir, ne supportant plus cette souffrance. Je sentis un liquide bouillant et embrasé me remonter dans la gorge. Je tentais tant bien que mal de me retenir de vomir mais ce fut impossible. Mon corps répondait seul face à la douleur.

Instinctivement, j'ouvris la bouche et recrachai tout le contenu ardent. Je suffoquai, des gouttes de sueur perlant le long de mon front, et toussotai avec maladresse. Quand je rouvris les yeux, je regardai le sol et reculai avec panique, la gorge comprimée par la peur.

Je n'avais pas vidé mon estomac mais du sang. Du sang rouge cramoisi où de la fumée s'en échappait. Mon cœur battait la chamade, effrayé face à cette vision que j'avais en face de moi. C'était insensé. Cela se reproduisait encore. Pourquoi ? Je restai plusieurs minutes figée, terrorisée, à regarder la pluie torrentielle éteindre le sang. Mon sang.

Puis mon corps se refroidit, trempé et glacé jusqu'aux os. Je revins alors à la réalité et réalisai que je venais d'atterrir dans mon monde. De nouveau. Je levai les yeux et observai autour de moi, curieuse.

J'étais seule, en plein milieu d'un terrain boueux. Le ciel gris lançait des éclairs et les bas nuages libéraient une pluie déchaînée. J'aperçus une route étroite au loin, encadrée d'arbres voluptueux. J'étais dans un champ à l'abandon, où la boue laissait peu de place à la végétation de pousser. Tout était sombre, le soleil ne perçant pas les nuages. Je n'avais pas atterri au même endroit que la dernière fois. Où étais-je ?

Je pris alors conscience que je m'enfonçai dans la terre humide. Je me relevai péniblement, la gadoue me collant à la peau. Je mis un pas en avant et réalisai alors la lourdeur de ma robe qui m'empêchait d'avancer convenablement.

Je soufflai un coup, posant ma main sur ma figure pour enlever toute cette eau. Puis je m'abaissai et attrapai maladroitement le bas du tissu, le portant à hauteur et jurai à voix haute alors que je m'enfonçai une nouvelle fois dans la boue. Je devais me sortir de là.

Je forçai avec énergie sur mes muscles et avançai lentement, manquant de tomber à plusieurs reprises. C'était pénible et épuisant. J'étais essoufflée alors que je n'étais même pas encore arrivée à la moitié. Mais je continuais, m'efforçant de piétiner vers ce chemin de terre.

Perdant l'équilibre, je me retrouvai rapidement les pieds emmêlés et les mains dans la boue. Je n'en pouvais déjà plus. C'était une catastrophe. Je toussai plusieurs fois, reprenant mon souffle. J'avais envie de lâcher quelques larmes, anéantie. J'étais seule. Personne pour m'aider et ce n'était que le début.

La pluie s'abattait violemment sur mon corps meurtri, le percutant de plein fouet comme des coups de poignard dans le dos. Et la fraîcheur eut bientôt raison de moi, faisant trembler tous mes membres un par un. Je plissai fermement les yeux, épuisée, avant d'enlever brutalement le collier. Ce fut une libération immédiate. J'étais trempée mais je ne ressentais plus le froid hivernal.

Ne perdant pas de temps, je repris l'avancée et arrivai sur ce chemin de terre après quelques efforts. Je posai mes mains sur mes hanches et continuai à marcher pour ne pas noyer le rythme dans l'épuisement.

Empires : L'émergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant