Empires : L'émergence

Chapitre 40 : Mythe

Je me figeai, hésitante à ouvrir. Et si je n'aimais pas la personne qui se trouvait derrière la porte ? Et si c'était cette femme, la petite amie de Loan, qui revenait pour mettre les choses au clair ? Et si c'était Loan, tout simplement ? Mon cœur s'emballa alors que la personne frappa une seconde fois et je me décidai à avancer vers ce vacarme discret.

J'enclenchai et tirai légèrement la porte vers moi, en fronçant les sourcils.

« - Sofia ? »

Je la fis entrer sans attendre, soupçonneuse de sa venue et en même temps soulagée.

« - Que fais-tu ici en pleine nuit ? Repris-je alors qu'elle s'installait sur le lit.

- Je n'arrivais pas à dormir. Il faut que je te dise. »

Je me raclai la gorge, inquiète puis allai la rejoindre sur les draps, collant mon dos au mur.

« - Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je ne veux pas te faire de mal tu sais. Je suis avant tout ton amie alors je me dois de te prévenir. »

Je soufflai, je savais où elle voulait en venir : Loan.

« - Je suis déjà au courant, lâchai-je de but en blanc. »

Elle se retourna vivement vers moi, se mettant de biais, puis m'observa, s'attendant certainement à ce que je verse quelques larmes.

« - Tu sais pour Loan et cette fille ? »

Je fermai les paupières en inspirant profondément, peinée.

« - Elle est venue me le dire, murmurai-je alors que mes yeux s'humidifiaient. »

Je voulais pleurer, m'apitoyer sur mon sort mais une autre partie de moi en avait marre. Marre de toujours subir. Marre de ne jamais agir. Marre de pleurer. Je n'en pouvais plus.

« - Elizabeth est venue te voir ? Chuchota-t-elle en brisant le silence qui s'était installé. »

Je fronçai les sourcils. C'était donc ainsi qu'elle s'appelait : Elizabeth ? Ce prénom me mit la chair de poule. Il y émanait tellement de force et de caractère que cela ne m'étonnait guère. Elle portait son prénom avec distinction.

J'ouvris les yeux pour me confronter au regard perçant de mon amie, qui n'osait pas me détruire d'avantage et qui attendait sagement ma réponse.

« - Si c'est ainsi que s'appelle une grande brune séduisante, qui incarne parfaitement la perfection alors oui. Oui cette femme est venue me voir pour me dire qu'elle était avec Loan et me prévenir de lâcher l'affaire avec lui parce qu'il lui appartenait.

- Quelle garce ! »

Je levai les yeux au plafond pour éviter que des perles salées ne coulent sur mon visage, complètement abattue et déboussolée. Je me pinçai les lèvres, mon cœur se fissurant davantage à cette pensée.

On ne prend conscience de la place que prend une personne que lorsqu'on la perd à jamais.

C'était tellement dur à accepter. La défaite. L'abandon. Pourquoi ne valais-je pas la peine qu'un homme se batte pour moi ? Qu'avais-je mérité pour ça ? Qu'est ce qui n'allait pas chez moi ? Qu'est-ce qui les faisait tous fuir ? N'étais-je pas assez bien pour eux ?

« - Il ne te mérite pas Agathe. Ce connard ne sait pas ce qu'il perd.

- Mais qu'est-ce qu'il perd ? Il a tout à gagner en me quittant ! M'époumonai-je à cœur ouvert.

- Arrête d'être aussi pessimiste sur toi. Je donnerai tout pour te ressembler, contrecarra la blonde. Tu es magnifique ! Regarde-toi un peu dans le miroir ! Ses courbes qui envient toutes les femmes, ses cheveux soyeux, ton regard qui ne laisse aucun homme indifférent. Je m'arracherai les yeux pour que tu te vois comme tu es Agathe ! »