Empires : L'émergence

Chapitre 9 : tests sombres

Cinq ans s'étaient écoulés depuis cette fameuse nuit. Cinq longues années d'entraînement et de camaraderie. Mais aussi de punitions et de douleurs. De sentiments réprimés et de regrets.

Après que l'anneau m'ait choisi, Bryan et Sofia avaient pris peur et avaient préféré prévenir un professeur, puis le directeur. Dire que nous avions été réprimandés avait été un euphémisme. Car malgré que cette escapade soit restée entre nous, nous avions subi plusieurs supplices pour nous punir. Du nettoyage de latrine, à la préparation de repas, aux entrainements nocturnes douloureux.

Nous avions tous les trois regrettés. Et depuis je m'étais assagie. Plus jamais nous n'avions désobéi.

Plusieurs semaines après ce voyage spatio-temporel, lors d'un entretien avec le directeur, j'avais demandé pourquoi l'anneau avait bifurqué sur moi et n'était pas resté sur Sofia. Ce à quoi il avait simplement répondu « ton monde était plus puissant et attractif pour l'anneau, mais maintenant nous avons reconnu la signature de ton monde. Ta préparation pourra être plus spécifique avant le grand jour ».

Nous en avions plus jamais reparlé. Tout ce que je savais c'est que l'on m'avait retiré la plupart des cours de combat pour des cours de bienfaisance. J'avais appris à me tenir droite, à m'habiller convenablement, à me soigner, à utiliser les plantes médicinales.

Tous mes autres camarades avaient vécu leur premier voyage spatio-temporel et s'étaient aussi spécialisés. Certains dans la science. D'autres dans le combat. Ou encore dans la médecine. Nous peaufinions notre départ. Nous passions beaucoup de temps à la bibliothèque car les livres étaient un moyen de connaitre nos mondes. Sa géographie. Son mode de fonctionnement. Ses civilisations.

Bryan avait, par exemple, une multitude de récits sur son monde comparé à Sofia ou à moi. Il s'imprégnait totalement des nombreuses données et était déjà prêt depuis longtemps. Moi je n'avais que sept livres décrivant des dynasties impériales et puissantes mais cela datait de deux siècles. Beaucoup de choses devaient avoir changé. J'en étais consciente. Et puis je n'avais rien trouvé concernant le meurtre de cette femme, de cette mère qui m'avait apportée. Je me sentais impuissante.

Au cours d'une nuit agitée, j'avais essayé de faire son portrait mais les détails étaient vagues et mon imagination me faisait défaut. L'essai n'avait pas été concluant. La seule manière de résoudre son assassinat était de retourner dans mon monde. Je m'y étais résolue malgré la peur.

Mâchouillant un morceau de viande trop cuit, je refermais le livre que je lisais. Le manque d'informations dans ce récit avait fini par me couper l'appétit. Je soufflai et rangeai mon plateau avant de quitter la salle de réception vide. Sofia suivait un cours de virologie et Bryan rentrait d'une épreuve sportive. Je les verrais demain. L'autonomie avait été le maître mot de ses trois dernières années.

Je marchai dans les nombreux couloirs, somnolent légèrement. J'étais fatiguée. En ouvrant ma porte, je me dirigeai rapidement vers ma commode, prenant mon pyjama et je partis ensuite à la douche, sans perdre une seconde de plus. Je me déshabillai difficilement et je fis couler l'eau avant de me jeter dessous. C'était la délivrance. C'était relaxant. Je soufflai, appréciant le moment.

L'eau coulait sur ma peau, la réchauffant, et l'odeur de shampoing qui me chatouillait les narines était agréable. Je me lavai, frottant rapidement. Mon lit m'appelait.

Alors que je m'apprêtai à sortir de la douche, je sentis une présence derrière moi. Des mains touchèrent mes cuisses, délicatement et brutalement à la fois. Je fis un bond, en me retournant vivement et en retirant rapidement les mains, le cœur battant.

« - Putain Loan ! Qu'est-ce que tu fous là ? »

Je sentis le rouge me monter aux joues. J'avais chaud. Mon corps brûlait et de la vapeur s'échappait de ma peau. La douche était trop étroite pour deux.