« - Depuis la nuit des temps, les plantes médicinales sont utilisées comme remède de guérison, nourriture comestible ou comme drogue botanique. Leurs propriétés et leurs usages sont indispensables afin de survivre dans un environnement hostile, débuta le professeur tandis que je retenais un bâillement. »
Avachie sur la chaise en bois, je lorgnai l'extérieur à travers la fenêtre à peine nettoyée, la neige tombant en rafale sur les terres isolées autour du château. Chaque flocon venait finir sa chute contre le sol déjà recouvert d'une poudreuse impeccablement lisse, la fraicheur de cette météo n'atteignant nullement ma peau rougie par mon don. Mon épiderme était terni par les multiples blessures au fur et à mesure des semaines, les échecs se collectionnant sans interruption.
« - Attention, je mets un point d'honneur à vous prévenir ; la plante est rarement utilisée entière ! Le plus souvent, il s'agit d'une partie de la plante, les autres parties ayant des propriétés différentes. Par exemple, on peut utiliser le fruit, l'écorce, la tige, la fleur mais jamais tout mélangé ! Cela pourrait avoir des effets indésirables... »
Je me redressai sur la chaise, les fesses endolories et les muscles amorphes, tentant au mieux de garder une concentration infaillible. Mais c'était comme écouter un documentaire animalier sur la fécondation des éléphants, on s'endormait très vite devant le peu d'action. Ou du moins, l'action était peu stimulante.
J'avalai ma salive pour amorcer un nouveau bâillement et glissai quelques mots à Sofia, à ma droite, la bouche légèrement pâteuse :
« - J'ai trouvé un truc intéressant hier soir à la bibliothèque. Un ancien élève écrit, après plusieurs pages sur la politique culturelle, que la boîte de Pandore s'ouvre de nouveau et que les démons risquent de s'abattre sur les différents mondes. Tu en penses quoi ? »
Après quelques secondes où ma nouvelle amie dissocia mes mots du cours, elle arqua un sourcil, assimilant mes dires et elle finit par tourner sa tête vers moi, sa chevelure blonde suivant le mouvement.
« - Assis ton gros cul sur cette boîte et ne t'inquiète pas, les malheurs n'oseront plus ternir les mondes, rigola-t-elle le sourire espiègle. »
M'attendant à une conversation des plus sérieuses, je restai clouée sur place quelques instants avant de sourire à mon tour, mon derrière n'étant sûrement pas le remède, même si ce dernier souffrait des multiples chutes de ses dernières semaines. Il s'endurcissait. Fermement, je l'espérais.
Plaquant mon dos sur le dossier, je croisai les bras sur ma poitrine, Sofia à nouveau concentrée sur le cours. Sa technique de diversion avait marché à merveille ! J'avais compris le message ; je la laissais tranquille. Néanmoins, mon esprit ne cessait de s'agiter.
Rares étaient les récits où les maux n'étaient pas multiples et omniprésents. La guerre, la famine, la trahison et la maladie ne faisaient exception dans aucun des mondes. A croire que tous étaient infectés par la race humaine que nous étions. Et cela n'augurait rien de bon pour nous tous.
Et ce qui me déprimait le plus, c'était que je n'avais encore rien trouvé concernant mon monde et la femme qui m'avait apportée. Était-ce ma mère ? J'avais envi d'y croire mais son assassinat m'emmenait plus férocement dans la mélancolie. Je ne la reverrai jamais.
Je soupirai, prise de désespoir avant de pointer mon regard vers le seul et maudit endroit de la pièce que je n'aurais jamais dû découvrir : l'horloge au-dessus du bureau. Les aiguilles ne tournaient pas assez vite, même le tictac parfois incessant semblait ralentir. C'était d'autant plus déprimant que je pensais à ma première sortie nocturne prévue demain.
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Empires : L'émergence
ÜbernatürlichesLa vie d'Agathe va basculer dans un tourbillon de révélations le jour où ses parents vont lui révéler sa véritable identité. Les mondes parallèles existent et malgré ses réticences à croire à l'irréel, elle fera le choix d'intégrer une école d'élite...