Chapitre 44 : Cérémonie Trompeuse

1K 144 45
                                    

Je poussai un long soupir, les bras tendus et mes muscles ne supportant plus cette immobilité.

« - As-tu bientôt fini June ? »

Elle répondit vaguement par un "non" ferme et sans équivoque puis continua à s'afférer sur la robe rouge au décolleté plongeant. D'après elle "aucun homme ne devrait me résister ce soir" et je savais qu'elle parlait plus particulièrement d'Azgar Knows.

J'avais été pomponnée par ses soins tout au long de l'après-midi, me détendant, me préparant et elle m'avait donnée des conseils, plus ou moins réalisables. Je devais en faire peu, en apparence mais surtout je devais prendre sur mon dégoût et ma peur pour le séduire durant cette cérémonie.

Et je ne savais toujours pas si j'allais pouvoir en être capable.

Je soupirai de nouveau. Je commençais à avoir des fourmillements dans les doigts, l'effort rendant les secondes interminables. Je ne pouvais tenir plus longtemps dans cette position alors je baissai les bras, au plus grand désespoir de la servante, et me massai les poignets face à la douleur.

« - Je pense que ce sera bon June. Tu as fait du bon boulot, constatai-je devant le miroir. »

Je repoussai mes cheveux, laissés au naturel, derrière mes épaules et observai discrètement June qui s'avançait vers les bijoux.

« - Au moins, mettez cela Majesté. Ce collier mettra votre poitrine en valeur. »

J'acceptai et la laissai faire glisser cet or fin le long de mon cou pour venir se loger entre mes seins. Ce contact me procura un léger frisson inattendu et je le touchai du bout des doigts avant d'aller boire un coup, hydratant ma gorge asséchée.

Je bus le verre de vin et entendis Enrick entrer dans la pièce, refermant la porte derrière lui. Il me chercha du regard, dans son armure flamboyante, et lorsque des pupilles olive se posèrent sur mon corps, tout sourire disparu de son visage.

« - Quelque chose ne va pas ? Demandai-je incertaine. »

Il passa rapidement une main dans ses cheveux et répondit :

« - Non, les invités commencent à arriver. Je suis venu te chercher. »

J'acquiesçai en silence, finissant ma coupe d'une traite puis marchai vers lui, les tissus me collant parfaitement à la peau. Je m'arrêtai à son niveau, les sourcils froncés tandis qu'il ne me quittait pas du regard.

« - Es-tu sûr que tout va bien ? »

Je le vis avaler difficilement sa salive, sans me répondre, puis il se tourna, me faisant signe d'avancer devant lui, ce que je fis d'un pas lent et mesuré.

Je joignis mes mains entre elles et laissai mes yeux parcourir le décor du château éclairé à la bougie. Tout était si grand et sombre. Si disproportionné et élégamment noir. Comment, à la seule force des mains, des hommes avaient-ils pu construire cette glaciale merveille ? C'était un mystère pour moi.

En arrivant à l'angle de la grande porte, j'aperçus le Roi, portant une couronne en fer forgé, discuter avec son cousin Roan. Les deux hommes, à la carrure élégante et sophistiquée, semblaient en désaccord sur un sujet visiblement tendu. J'attendis sagement au loin, me collant un peu plus à Enrick, de peur de subir les foudres de mon mari, et observai attentivement la scène.

Ma respiration se bloquait, s'accélérait, en désordre total alors que mes yeux ne quittaient point ce mâle dominant. Comme s'il sentait mon regard sur son corps et sur le débat, Azgar tourna la tête dans ma direction, les pupilles complètement obscurcies par la colère.

Empires : L'émergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant