#2 Alie

14.5K 1K 69
                                    

Assise sur mon vélo bleu, je me dépêche de pédaler car je vais être en retard au boulot. Et juste horreur d'être à la bourre. C'est un manque total de respect envers les autres. Je ne tiens pas à paraître irrespectueuse ou snobinarde. Pour revenir à mon travail, je fais le job « formidable » de sushi girl. Nan, en fait, j'aime bien ça, et mes patrons sont géniaux. Et puis ça paye mes factures. Enfin presque toutes. Le soir, je fais des sushis, et le reste du temps, je fais des photos, à poil. Je sais, ce n'est pas très glorieux. Mais ça paye plutôt bien. Et puis, je ne suis pas toujours nue. Je porte quand même des sous vêtements, des fois. Rarement en fait. Mais bon... On ne choisit pas toujours. Et soyons honnêtes, ce n'est pas si terrible. Je bosse toujours avec le même photographe et n'accepte aucun autre contrat, et ne pose que seule ou avec d'autres filles. Rien de bien méchant.

Je n'ai jamais rêvé d'être institutrice, vétérinaire ou astronaute comme tous les autres gosses. Je n'ai pas encore trouvé ma vocation, mon rêve d'avenir. Alors je prends ce qu'il y a, et pour l'instant, je suis donc sushi girl. C'est plutôt cool je dois dire. Oliver et Sakura, mes patrons, sont fantastiques. Ils sont presque comme des parents pour moi. Mes parents eux ne sont plus là pour prendre soin de moi et m'aider dans les choix difficiles que la vie nous impose parfois. Ils sont morts tous les deux quand j'avais 13 ans, dans un accident de voiture alors qu'ils allaient juste profiter de quelques jours à deux pour se retrouver, loin de Camden. C'est ma grand-mère paternelle, Evelyn, qui s'est occupée de moi depuis. Et maintenant, c'est à moi de prendre soin d'elle. Depuis qu'on lui a diagnostiqué un Alzheimer, je m'occupe de pratiquement tout pour elle. Et c'est aussi pour ça que j'ai dû accepter de faire ces photos à poil. Car bientôt, mon aide ne sera plus suffisante. Il va falloir de je la mette dans une maison spécialisée. Et ça coûte un max. Ce n'est pas avec le peu d'argent qu'elle a de côté qu'elle pourra se payer un bon endroit. Alors il est de mon devoir d'être là pour elle, comme elle l'a fait avec moi.

- Oliver ? Il faudrait que je parte un peu plus tôt ce soir. Grace ne peut pas aller voir ma grand-mère. Il faut que j'aille vérifier que tout va bien avant qu'elle se couche.

- Alie, arrête de me demander la permission pour ces choses-là. Tu partiras à l'heure que tu veux.

Je lui souris, puis m'approche de lui pour l'embrasser sur la joue. J'adore Oliver. Je ne sais pas comment j'aurais fait sans lui et sa femme s'ils ne m'avaient pas embauché il y a 4 ans.

Après le lycée, je suis partie à Miami. Plage, surf, soleil, c'était la belle vie. J'y ai fait toutes sortes de boulots pour subvenir à mes besoins. Je me foutais pas mal du travaille qu'on me donnait, tant que ça me permettait de rester à Miami. Evelyn allait bien à ce moment là. Enfin, elle pouvait quand même s'occuper d'elle toute seule. Il n'y avait rien d'alarmant. Quand Grace m'a dit que son état empirait , je me suis senti obligée de revenir pour elle. Je suis revenue à Camden sans un sous. Alors ce job que m'a proposé Oliver tombait à pique. Et je m'y plaît plutôt bien.

*

La soirée est plutôt calme au California, j'ai un peu moins de mal à devoir les abandonner plus tôt. Je suis au téléphone avec un client lorsque je remarque ce mec qui s'approche. Ce gars super sexy de l'autre fois, celui qui semblait avoir perdu sa langue. Celui que j'ai pris en flag en train de me mater le cul. Celui-là même qui avait failli me renverser à vélo le soir d'avant. Touriste. Sait-il que je l'ai reconnu ? Enfin pas lui, mais sa caisse je m'en rappelle bien. Audi je-ne-sais-pas-quoi. C'est peut être pour ça qu'il a agit étrangement la dernière fois. Il a eu peur que je l'engueule. Petit courageux. Il est seul ce soir et je le regarde avancer sagement vers nous. Musclé. Fort. Viril. Plutôt canon. Non, plutôt très canon. Les cheveux légèrement en bataille, une petite barbe de trois jours. Très, très sexy monsieur le touriste. Je l'observe toujours du coin de l'oeil alors que je suis encore en train de prendre la commande au téléphone. Lorsque j'ai terminé et raccroche, je m'adresse alors au bel inconnu qui m'offre un sourire radieux.

Supplie-moi [Partie 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant