#10 Alie

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Je regarde mon téléphone avec ce dernier SMS de Jake. Bien-sûr que je sais ce qu'il veut. Il veut juste me sauter comme tous les autres. Mais je ne lui en veux pas... C'est un homme. Un cul qui passe et il n'y a plus personne. Je pourrai le garder comme ami ? De toute façon, dans moins de deux mois, Jake repartira à New-York. Alors pourquoi me prendre la tête ? Est-ce que je pourrais seulement envisager de m'amuser avec lui ? Ce n'est franchement pas mon style à la base. Je suis partagée entre le fait que Jake me plaise comme personne et le fait qu'il veuille seulement un plan cul. Je ne suis pas un jouet, un caprice de gosse se riche.

Mais d'un autre côté, je ne cesse de penser à lui. À ce baiser tout simplement magique qui m'a donné le tournis. Personne ne m'avait jamais embrassé comme ça. Si juste le contact de ses lèvres sur les miennes a réveillé le désir enfoui en moi depuis longtemps, je n'ose même pas imaginer ce que ça me ferait de me retrouver au lit avec lui. Et puis, comparé aux deux seuls mecs qui m'ont touché, ça ne sera pas dur de relever le niveau. Mais est-ce que je suis ce genre fille qui peut se contenter d'un plan baise ? Et puis, il n'est en aucun cas question de « relation » entre nous. Il vit à New-York et moi ici. Ça ne rimerait à rien. Et Jake, ce n'est pas le style de mec à s'engager émotionnellement. Et moi, bah, j'ai encore du mal avec « l'après Dave ». Niveau couple, j'ai donné.  Alors pourquoi pas me laisser allez avec un truc sans lendemain ?

C'est vrai que j'ai vrillé quand Gordon-le-mort-de-faim m'a dit que Jake et Carmen étaient plus ou moins « ensembles ».  Après tout, on s'est seulement embrassés. Tous les deux pris par une envie soudaine, sûrement dû au manque de sexe. Je n'avais pas à faire ma pseudo crise de jalousie. Malgré que, oui, j'ai été jalouse.

Après une bonne heure de ménage et de réflexion, je me décide à lui répondre.

[A:  Jake :
Je ne veux pas qu'on soit fâchés... Amis ? :-)]

[De : Jake :
Si c'est le seul moyen, je m'en contenterais ;-)]

Ouf ! Je suis soulagée. Pourquoi ? C'est complètement con. Il ne m'en veut pas d'avoir réagi comme tarée possessive. Ce n'est peut-être pas un sale pervers en fin de compte. Le seul moyen ?

Un peu avant de partir au California, mon portable m'indique un SMS.

[De : Jake :
Je viens de louer Conjuring 2... Tu m'accompagnes ?]

[A : Jake :
Pourquoi pas... Je ne dis jamais non pour un film qui fait peur ! 22h30 ?]

Jake m'envoie ensuite un pouce en l'air en guise de réponse. Je me réjouis déjà. Une petite soirée sympa avec un nouvel ami devant un film. Mouais... c'est à qui que tu mens là au juste ?

Depuis que Diego et Luna, des jumeaux,  sont partis à New-York, je n'ai plus vraiment d'amis. Nous sommes amis depuis que nous avons trois ans. Ils me manquent tellement. On s'appelle parfois sur Skype. Mais ce n'est pas pareil. Ils ont leurs vies là-bas. Et moi la mienne, ici. Diego a toujours rêvé d'être DJ, alors quand l'occasion s'est présentée pour lui d'aller mixer dans une grande boîte de New York, il n'a pas hésité. Et Luna l'a suivi, évidemment. « Jamais sans Di ! », comme elle dit toujours. Vu qu'elle rêve de devenir journaliste, New York est aussi parfait pour elle. Je suis heureuse qu'ils réalisent leurs rêves, même si ça doit les éloigner de moi. J'espère pouvoir aller les voir bientôt, mais avec Evelyn c'est compliqué. Je ne veux pas l'abandonner même quelques jours.

***

Je me gare devant la grande maison de Jake. Mais j'ai la boule au ventre. Je sais que je lui ai demandé d'être mon ami mais j'ai peur de ne pas m'y tenir. Pourtant, il le faut. Je crois quand même que ça serait préférable pour nous deux d'en rester là. Ne cède pas Alie. Respire. Je sonne en m'armant de courage et de détermination. Il m'ouvre presque instantanément. Putain ce qu'il est beau ! Il me sourit comme toujours et me laisse entrer. Cette fois-ci, je ne retire pas mon t-shirt noir car je l'ai déjà fait dans la voiture. Ça évitera que je l'oublie. Encore.

Jake a déjà tout installé sur la table basse du salon. Il sait que je me contente de peu. Un soda et un sandwich. Je suis tout même surprise qu'il soit autant attentionné envers moi.

Tactique pour m'impressionner et que je baisse ma garde sans doute.

Je me pose en tailleur sur le canapé après avoir retiré mes chaussures comme je commence à avoir l'habitude de le faire. Merde il me regarde. Ses yeux bleus-gris m'observent. Je les sens sur moi avec insistance. Je fais semblant de ne pas le voir même si cet exercice est véritablement compliqué. Il est là. Juste là... Sa jambe frôle la mienne et je suis sûre qu'il le fait exprès pour me déstabiliser.  La boule dans mon ventre ne fait que croître et me brûle. Je me concentre sur ma respiration pour tenter d'éteindre ce feu en moi. Tans pis si j'ai l'air cloche.

Le film est lancé depuis 10 minutes mais je n'y prête aucune attention. Trop perturbée par mon voisin. Une gêne flagrante s'est installée autant de son côté que du mien. Je me demande alors à quoi il peut bien penser en m'observant de la sorte. Ou pas. Il est sûrement préférable sue je n'essaie pas de comprendre ce qu'il lui passe par le tête. À coup sûr, il faudrait coller un "-18" sur son front.

- Alie ? dit-il en brisant le silence pensant qui règne dans la pièce.

Ma tête se tourne pour lui faire face. Merde. Il me regarde maintenant droit dans les yeux, sérieux comme jamais.

- Amis hein ? demande-t-il avec un sourire en coin, mais les yeux moins rieurs. 

- Amis... lâché-je sans aucune conviction en tentant de fuir son regard persant. 

Putain de merde ! Il fait chaud ici ou c'est moi ?

- Tu sais..., commence-t-il en me prenant la main. Waouh ! Je m'en fous de Carmen... Et ? Moi aussi je m'en fous. En fait, je t'ai menti...ajoute-t-il.

Il me regarde intensément. J'ai alors de sacrées bouffées de chaleur qui semblent ne pas vouloir partir.

- Putain ! Pourquoi c'est si compliqué ? crache-t-il.

Alors là, je suis paumée !

- Qu'est-ce qu'il y a Jake ?

Sa main se sert un peu plus fort sur la mienne. J'ai de plus en plus chaud. J'ai aussi l'impression que mes joues sont écarlates tout à coup. Sa tête se rapproche dangereusement de la mienne. J'ai beaucoup de mal à me maîtriser à cet instant alors qu'il me fixe toujours comme un animal sauvage. 

- Je n'arriverai pas à être ton ami Alie, dit-il tout bas son visage presque collé au mien.

Merde !

- Je sais... dis-je en chuchotant.

Et oui je le sais. Il s'avance encore plus. Sa bouche est quasiment en contact avec la mienne. J'ai tellement chaud. Cette envie de l'embrasser me torture au plus profond de moi. Je respire fort tout contre lui. Comme si j'étais essoufflée. Il se mord la lèvre et ça ne m'aide pas du tout. Le désir progresse en moi d'une violence presque insoutenable. Mon cœur palpite tellement fort que j'en ai mal. La tete me chauffe et la raison semble s'évaporer.



Supplie-moi [Partie 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant